9 techniques de jardinage, inhabituelles et élégantes, qui m'inspirent

Cet article fait partie de mon projet sur l’agroécologie.
Au fil des ans, à travers mes études d’agronomie, mes observations en voyage, mes lectures scientifiques et ésotériques, j’ai découvert de nombreuses techniques de jardinage et d’agriculture inhabituelles que je trouve élégantes et inspirantes.
J’aimerais essayer de les mettre en œuvre dans notre future jardin-forêt expérimental, et j’ai déjà commencé à en expérimenter certaines.
Je commence ici avec 3 de ces techniques de jardinage et agricoles, et j’en ajouterai d’autres la semaine prochaine !
Sommaire
- Travailler avec les escargots et les limaces (plutôt que contre)
- Redécouvrir les légumes pérennes
- Travailler avec les arbres pour réguler les mauvaises herbes
- Cultiver des fraises à 4000 m d’altitude
- Mettre en place un troupeau polyspécifique
- Capter et stocker passivement l’eau sur un terrain
- Faire pousser des objets dans le potager
- Orchestrer le jardin avec des protéodies
- Fertiliser le potager avec la méditation
- Vous avez apprécié cet article ?
- Comment suivre mes explorations ?
Comment travailler avec les escargots et les limaces (plutôt que contre) ?
Depuis quelques années, lorsque je remarque que des escargots ou des limaces commencent à grignoter mes légumes, je reste équanime.
Alors que je les observe grimper, saliver, croquer, mes mains se mettent à trembler. Devrais-je les capturer, une par une, pour nourrir les poules ? Devrais-je les noyer dans de la bière comme je l’ai lu dans le livre “Jardinage Écologique et Spiritueux” ? Devrais-je acheter ces granulés bleu fluo anti-limaces dans mon magasin “Le Jardinage au Naturel” ? Alors que toutes ces idées belliqueuses traversent mon esprit, alors que les feuilles de mes légumes disparaissent les unes après les autres, mon instinct français se réveille et je me surprends aussi à saliver : “Devrais-je manger ces escargots ?”, me demandé-je.
Mais au lieu de cela, je ne bouge pas, je ne les touche pas, je ne les mange pas. Je reste équanime. Et j’observe.
Car il y a quelques années, je suis tombé sur un blog (que je ne retrouve malheureusement pas) où un autre jardinier-observateur partageait son expérience très inspirante.
Il se réveillait au milieu de la nuit, et, armé d’une lampe torche, il allait rendre visite à ses laitues. Caché derrière un chou, il observait attentivement le comportement des escargots. Et voici ce qu’il découvrit : alors que les escargots grimpaient sur chacune de ses laitues, ils n’en mangeaient que quelques-unes, laissant les autres laitues intactes. Et voici son interprétation : les escargots goûtent les feuilles, mais lorsque la laitue est suffisamment en bonne santé, elle produit des substances végétales qui repoussent naturellement les escargots.
Finalement, ce jardinier zen essayait de ne rien faire de spécial contre les escargots et les limaces, il perdait certaines de ses laitues, mais celles qui survivaient restaient entières et en bonne santé, sans même qu’il essaie de les protéger.
En d’autres termes, les escargots ne font peut-être que manger les laitues déjà faibles, déjà malades. Peut-être que j’utilise des semis achetés en magasin, au lieu de graines déjà plus adaptées à mon sol ? Peut-être même que ces graines ont été génétiquement modifiées dans un laboratoire ? Peut-être que cette laitue, pour être saine, doit être spécifiquement fertilisée avec “l’Engrais Biologique” de la même marque ? Ou, peut-être, est-ce simplement parce que cette laitue a accès à un peu moins d’eau, ou de soleil, que celle-là ?
Alors, ces escargots essaient-ils simplement de m’aider à comprendre ce qui peut et ne peut pas pousser ici, sur ma terre ? Essaient-ils d’éliminer et de recycler les laitues malades, inadaptées et génétiquement altérées ? D’ailleurs, pourrais-je vraiment tirer des bénéfices en mangeant de telles laitues malades ? Peut-être que ces limaces ne sont que les éboueuses dévouées de mon petit écosystème ?
Si je réagis très vite, pour sauver autant de laitues que possible, je ne peux pas observer, et je m’empêche de parvenir à une compréhension plus approfondie de ce qui se déroule. Si j’accepte de perdre quelques laitues, tout en observant attentivement, je finirai par acquérir une compréhension complètement différente de ce qui semble se passer, et des idées complètement différentes sur ce que je pourrais essayer ensuite.
Je trouve ce type d’approche très inspirant. Cela permet d’établir une relation entièrement différente entre mon écosystème et moi !
D’un côté, sous couvert de produits ou de pratiques “écologiques”, je parle toujours de “lutter contre” ou de “se débarrasser” des escargots et des limaces. C’est moi - le très intelligent et éduqué Lénaïc Pardon - qui essaie de corriger de manière “naturelle et écologique” l’écosystème qui ne fonctionne pas correctement.
D’un autre côté, j’essaie de comprendre le comportement, le rôle des escargots et des limaces dans mon écosystème, j’essaie de comprendre ce que cette situation déséquilibrée peut m’apprendre sur mon écosystème et ma propre pratique. Dans ce cas, j’essaie plutôt de penser comme un écosystème, comme je le propose aussi dans mon essai sur un autre “bug” des écosystèmes, les plantes “invasives”.
Quand on cultive des légumes dans un but commercial, il peut être très risqué d’expérimenter ce genre de pratique. Mais, en tant que jardiniers amateurs, en tant que jardinières amatrices, nous avons la liberté de tenter de telles expériences radicales, nous sommes l’avant-garde de l’agriculture, nous pouvons nous aventurer hors des sentiers battus pour montrer d’autres voies possibles.
Comme, par exemple, observer les limaces et les escargots manger nos laitues. Réaliser alors que ces petits animaux sont, en fait, nos petites gourou-jardinières et nos petits maîtres-éboueurs, qui essaient avec patience et dévouement de nettoyer notre pagaille, et qui se démènent pour attirer notre attention, pour pouvoir enfin nous enseigner comment les écosystèmes fonctionnent réellement…
Comment gagner du temps en réintroduisant des légumes vivaces ?
L’une des tendances actuelles dans les milieux de l’agroécologie et de la permaculture est le développement de forêts nourricières, ou jardins-forêts.
L’idée directrice de ces projets est d’essayer d’imiter les écosystèmes hautement productifs que sont les forêts naturelles. L’un des principes pour y parvenir est de favoriser les plantes pérennes, comme les arbres fruitiers, les arbres à noix, les baies, que vous ne plantez qu’une fois, mais qui vous restituent de plus en plus de nourriture, année après année, pendant des décennies.
Quand on n’a pas un grand terrain, ou qu’on veut garder son potager, il existe une façon intermédiaire d’intégrer quand même cet aspect pérenne dans notre pratique : les légumes vivaces, pérennes, ou perpétuels.
En fait, on cultive déjà souvent quelques légumes vivaces dans nos jardins, comme la rhubarbe ou l’artichaut. Des aromatiques pérennes, comme le romarin ou la lavande. Ou même des fruits vivaces comme les fraises. Mais on a oublié beaucoup d’autres plantes que nos ancêtres avaient pourtant méticuleusement sélectionnées pour nous.
Cette année, près du romarin ou de la lavande, pourquoi ne pas ajouter un chou Daubenton ?
Et un céleri branche vivace, également appelé livèche, et utilisé comme condiment ?
Si on aime jouer avec cette manière alternative de cultiver les légumes, l’année suivante, ajoutons une bande de poireau perpétuel, et un massif de l’étonnant oignon rocambole !
On pourrait même, par exemple, essayer de planter quelques poireaux perpétuels dans notre plate-bande de fraises, où ils auraient tendance à pousser tout droit, en laissant de la lumière pour que les fraises mûrissent ?
Si on remarque qu’une partie de notre potager gèle rarement en hiver, ou si on dispose d’une serre, pourquoi ne pas installer un massif de patates douces ?
Si la patate douce peut être cultivée comme une annuelle, elle est une vivace dans les pays tropicaux et subtropicaux.
Bien protégées dans le sol, après l’hiver, les patates douces germent à nouveau, développant un abondant feuillage comestible.

Des patates douces envahissent notre potager sur le toit de notre immeuble à Taïwan.
Alors que l’on commence à se sentir plus à l’aise avec les légumes vivaces, on pourrait même étendre notre production à des légumes pérennes plus rares et insolites. Par exemple, dans une zone ombragée du potager, quelques fougères comestibles et de jolies hostas occuperont volontiers l’espace.
Étonnamment, dans mes études d’agronomie, je n’ai jamais entendu parler de ces merveilleux anciens légumes perpétuels. Aujourd’hui, ils semblent revenir sur le devant de la scène, et c’est ainsi que je les ai découverts, en essayant de simplifier le travail de jardinage.
Car en effet, l’un des intérêts des légumes pérennes, c’est qu’ils peuvent nous faire gagner du temps. Pas besoin de préparer les semis et le sol chaque année, moins de travail de désherbage pour les légumes comme le chou Daubenton qui créent une ombre dense, et moins de soucis avec les insectes gourmands et les maladies, car, souvent, ces anciens légumes oubliés sont plus robustes que les variétés récentes.
Si vos voisins ne cultivent pas déjà certains d’entre eux qu’ils pourraient partager avec vous, vous pouvez facilement découvrir de nombreuses autres sortes et les commander dans des boutiques en ligne, comme celle-ci ou celle-là en France. Et je viens de découvrir deux livres qui ont l’air bien chouette : Le potager perpétuel de Bernard Bureau & Philippe Collignon, et Mon potager de vivaces : 60 légumes perpétuels à découvrir ! d’Aymeric Lazarin.
Pour une quantité de travail similaire, ces légumes anciens et pérennes peuvent nous récompenser par une production abondante au fil des ans !
Si l’idée d’un jardin-forêt vous plait, mais que vous n’avez pas encore de terrain, commencer à vous familiariser avec les légumes pérennes, à petite échelle, est une bonne approche. Pour vous aider, j’écris une série de 4 articles sur Vibre Magazine, entre janvier et avril 2023, où je vous propose de mettre en place une micro-forêt comestible sur votre balcon. On organise même un live le 16 mars 2023, où je répondrai aux questions pour vous aider à bien démarrer !
Comment travailler avec les arbres pour réguler les herbes folles dans le jardin ?
Dans l’agriculture et le jardinage manuels, le contrôle des “mauvaises herbes”, des herbes folles, peut être l’une des tâches les plus difficiles et les plus longues. Les techniques d’agriculture sur abattis-brûlis dans les zones forestières étaient autrefois un moyen de résoudre ce problème.
Imaginons que l’on vit dans une forêt.
La dense canopée capte toute la lumière disponible, empêchant la croissance de la plupart des plantes qui se trouvent en dessous. Pour profiter de cette zone sans adventices, on coupe les arbres, on brûle les débris végétaux et on plante des légumes et des céréales. Comme la zone a été exempte d’herbes sauvages pendant de nombreuses années, voire des décennies, presque aucune herbe ne pousse la première année. Quelques-unes poussent la deuxième année. Au cours de la troisième année cependant, les herbes folles deviennent tellement établies que le travail de désherbage devient significatif. Alors on se déplace sur une autre parcelle de cette dense forêt. On coupe, on brûle et recommence.
Le travail intense et pénible de l’abattage et du brûlage tous les deux ou trois ans demande tout de même moins de travail que l’arrachage manuel des adventices, chaque semaine, sur une parcelle déterminée.
D’une certaine façon, on peut comprendre cette pratique de culture sur abattis-brûlis comme le fait de déléguer aux arbres le difficile travail de désherbage, qu’ils accomplissent grâce à leur ombre dense, sur de nombreuses années.
Intéressant…
Mais alors, comment faire si l’on souhaite demander aux arbres de désherber pour nous, tout en évitant l’étape du brûlis ?
Il y a longtemps, en naviguant sur internet, je suis tombé sur une technique visant précisément à faire cela. C’est la culture intercalaire avec l’arbre inga (inga alley cropping), développée au Honduras, en Amérique centrale.
La culture intercalaire entre rangs de plantes pérennes est une pratique agricole qui appartient à la grande famille de l’agroforesterie, dans laquelle on cultive à la fois des arbres et des cultures annuelles. Dans le système de culture intercalaire d’inga, on plante des ingas très proches les uns des autres, en rangs, créant ainsi des allées étroites de moins de 2 m de large.
Au fur et à mesure que les arbres grandissent, ils commencent à ombrager les allées, contrôlant peu à peu les herbes sauvages. À un moment donné, on taille toutes leurs branches à hauteur de poitrine, c’est-à-dire qu’on transforme ces arbres en têtards ou en trognes. Alors que les allées sont soudainement inondées de soleil, recouvertes d’un épais paillis de feuilles mortes, on plante nos légumes.
Les légumes commencent à se développer dans des allées sans mauvaises herbes et baignées de soleil, ce qui favorise leur croissance et limite considérablement le temps de désherbage. Un an plus tard, après la récolte et après que les branches d’inga ont repoussé, on les taille à nouveau et on replante des légumes, et ainsi de suite, année après année.
Lorsque j’ai découvert cette méthode, j’ai été très enthousiaste, et j’ai même envoyé une candidature spontanée pour rejoindre le projet ! Ce qui m’a plu, c’est que cette pratique tentait de comprendre et d’imiter les mécanismes de la nature.
Mais j’ai aussi aimé la façon dont tant de fonctions écologiques étaient élégamment réunies.
Les herbes sauvages sont bel et bien contrôlées par l’ombre des arbres. Mais l’épais paillis de feuilles mortes maintient aussi le sol frais et humide, même si l’on a élagué toutes les branches. Les minéraux sont puisés en profondeur par les racines des arbres et sont régulièrement ramenés à la surface par les feuilles mortes. Du carbone frais, qui alimente la vie du sol, est apporté chaque année par ces mêmes feuilles mortes. L’inga étant de la famille des légumineuses, il peut fixer l’azote, dont une partie se retrouve aussi dans les feuilles mortes. Et, pour couronner le tout, les branches taillées peuvent être utilisées comme combustible local et renouvelable pour cuisiner. Tout cela avec ce design simple et seulement des outils manuels.
Malheureusement, la Fondation Inga (site en anglais et un peu en espagnol), qui développe cette pratique, n’a jamais répondu à ma candidature !
Mais ce concept continue de m’inspirer, quand j’imagine, par exemple, comment utiliser des arbres têtards pour faire pousser des jardins surélevés vivants, ou quand je cherche comment utiliser d’autres arbres dont les feuilles sont comestibles, comme le tilleul, pour créer des systèmes de culture en allées intercalaires pour des climats plus froids.
Comment cultiver des fraises à 4000 m d’altitude ?
En 2008, je voyage à travers l’Amérique du Sud avec Morgane, une amie agronome, quand, à 4000 m d’altitude, dans le haut plateau péruvien où il gèle habituellement pendant la nuit, nous tombons sur des fraises…
Alors que le bus nous conduit à travers l’Altiplano, les hauts plateaux des Andes, nous nous imprégnons de ce paysage si particulier.

De longues vallées, des villages. De temps en temps un lac d’un bleu profond. Plus loin, des prairies rocailleuses entaillées par des torrents impétueux, pâturées par des moutons et des lamas. Et quelques arbres ici et là.

Sous des latitudes plus élevées, un plateau aussi haut serait probablement couvert de neige la plupart du temps, mais ici, pas si loin de l’équateur, les vallées restent couvertes d’herbe verte. Bien qu’il gèle chaque nuit, le fort ensoleillement fait remonter la température chaque jour.

Nous arrivons dans le district d’Ocongate, face aux vallées qui descendent de l’imposant massif de l’Ausangate. À l’extérieur du bus, le ciel est bleu, le soleil chauffe fortement nos visages, mais l’air sec et léger reste froid.
Un très bel endroit, mais rude, où l’on ressent continuellement la puissance de la nature autour de nous.

Comment peut-on faire pousser des fraises à une telle altitude, dans un environnement aussi rigoureux ?
Si nous quittons notre bus à Ocongate, c’est que nous rendons visite à un autre agronome en stage de développement agricole. Il travaille pour une institution qui explore les moyens d’accroître la diversité nutritionnelle des populations locales. L’un de leurs projets consiste à aider à la construction de petites serres pour que les habitants puissent diversifier leur alimentation en cultivant leurs propres légumes… et fraises !

Alors que nous visitons quelques serres, certaines semblent un peu abandonnées, colonisées par des plantes sauvages. D’autres, au contraire, ressemblent à des miniforêts nourricières parfaitement entretenues avec soin et amour.
Découvrir de tels cocons de nature chaude et luxuriante au milieu de cette rude prairie monotone éveille un sentiment d’excitation, un sentiment de liberté.
Tout semble possible !

La conception des serres est assez simple : un petit murêt d’environ 50 cm de hauteur ainsi que deux pignons sont fait de briques de terre crue locale. Au dessus, une structure en tubes de PVC supporte une toile en plastique transparent. Pendant la journée, les murs accumulent de la chaleur qu’ils restituent pendant la nuit, empêchant ainsi l’intérieur de la serre de geler.
Cette visite m’a montré que, même dans un environnement difficile, on peut créer des microclimats en utilisant des concepts et des matériaux simples, comme pour ces serres. Grâce à cette stratégie, il devient possible de diversifier la production, au point de pouvoir cultiver des fraises et d’autres légumes délicats à 4000 m d’altitude.
Dans tout jardin, en plus d’une petite serre, on peut aussi créer des microclimats en jouant avec les éléments naturels.
Un mur de pierre bloque le vent et diffuse de la chaleur pendant la nuit. Un bosquet d’arbres à feuilles persistantes ralentit le vent même en hiver et protège son sous-bois du gel. Un étang amortit les variations de température. Etc.
Pourquoi mettre en place un troupeau polyspécifique ?
On entend souvent parler des différences entre polyculture et monoculture. Mais qu’en est-il des troupeaux polyspécifiques et monospécifiques ?
Alors que la monoculture simplifie un écosystème, la polyculture se rapproche des écosystèmes naturels en essayant de maintenir une plus grande biodiversité. De même, un troupeau monospécifique de vaches qui broutent un champ est une simplification des écosystèmes où, normalement, une diversité d’herbivores broute dans la même zone.
Un an après notre séjour en Amérique du Sud, mon amie Morgane s’envole pour l’Asie centrale pour son mémoire de fin d’études, afin d’étudier le système pastoral des steppes mongoles, où les bergers élèvent des troupeaux polyspécifiques !
Alors, pourquoi créer un troupeau polyspécifique ?
Dans un article que Morgane a coécrit en 2013 avec deux collègues, elles décrivent la zone d’étude comme une steppe sur un haut plateau semi-aride avec des hivers rigoureux et seulement ~100 mm de pluie par an. Dans de telles conditions, les cultures ne sont pas possibles, mais les Mongols ont développé au fil des temps un système de pâturage nomade qui leur permet de valoriser l’herbe de la steppe.
Morgane et ses coautrices expliquent plus loin dans leur article que les troupeaux des steppes mongoles sont traditionnellement des troupeaux polyspécifiques. Bien que cette diversité ait diminué récemment, on trouve encore des chèvres, des moutons, des vaches, des yaks, des chevaux et des chameaux qui broutent la steppe en coeur. En effet, posséder un troupeau multi-espèces présente plusieurs avantages dans ces conditions naturelles difficiles.
Premièrement, une diversité d’herbivores permet de tirer le meilleur parti des différents types de ressources fourragères. Les moutons et les chèvres sont les plus adaptés pour paître dans les zones escarpées et rocheuses, tandis que les chameaux peuvent voyager loin, sans boire pendant 3-4 jours, et acceptent de brouter la végétation qui pousse dans les marais salés. Lorsqu’elles pâturent dans la même zone, les différentes espèces préfèrent des plantes différentes. Dans ces conditions difficiles, avoir différentes espèces d’herbivores aide l’éleveur à valoriser toutes les ressources disponibles.
Deuxièmement, en cas de perturbations naturelles, comme une maladie, une sécheresse, une vague de froid, chaque espèce réagit différemment. Un troupeau polyspécifique est donc plus résilient.
Troisièmement, les animaux fournissent bien sûr une plus grande diversité de productions, comme le lait, la viande, la laine, le cuir, les animaux de trait, et même le fumier séché faisant office de combustible pour le chauffage et la cuisine ! Toutes ces productions garantissent une meilleure autonomie, mais aussi une meilleure résilience économique, car par exemple, si le prix de la laine de mouton s’effondre, les éleveurs ont d’autres biens à vendre.
Quatrièmement, cela permet de mieux répartir la charge de travail tout au long de l’année, car les pics de travail comme la traite ne se produisent pas au même moment selon l’espèce animale.
Si vous souhaitez approfondir le sujet, un groupe de 18 chercheurs européens a écrit une étude approfondie (en anglais) sur la manière dont l’élevage multi-espèces peut contribuer à améliorer la durabilité des fermes d’élevage.
Je trouve ces systèmes d’élevage polyspécifiques très intéressants, car ils appliquent aux animaux d’élevage ce que l’on entend souvent dire pour les cultures. En imitant la biodiversité des herbivores qui existe dans la nature, les troupeaux multi-espèces peuvent aider à mieux valoriser les ressources naturelles et à accroître la résilience des fermes.
Mais je vois aussi l’élevage polyspécifique comme une sorte de version utopique et plus romantique de l’élevage, dans laquelle on s’imagine une joyeuse famille de plusieurs sortes d’animaux vivant paisiblement ensemble !
C’est pourquoi j’ai pensé à intégrer un mini troupeau polyspécifique dans notre futur jardin forêt expérimental, avec une poignée de poules, quelques moutons et des petits cochons. Pas vraiment pour les manger, mais pour les œufs, la laine, le fumier, leur aide pour le pâturage et l’entretien du terrain, et bien sûr, leur compagnie bucolique.
Comment capter et stocker passivement l’eau sur un terrain ?
De nos jours, capter et stocker l’eau semble de plus en plus essentiel pour le jardinage et l’agriculture. Dans certaines circonstances, le sol lui-même est un excellent réservoir d’eau.

Bien sûr, les étangs sont un bon moyen de stocker l’eau. Ce sont aussi des écosystèmes très productifs, qui augmentent la biodiversité, aident à réguler les microclimats, etc.
Mais une autre façon de stocker l’eau est de se souvenir que le sol est aussi un réservoir d’eau naturel. Avez-vous déjà vu des arbres rester verts alors que la sécheresse a déjà desséché l’herbe depuis des semaines, voire des mois ? Cela témoigne de la grande quantité d’eau qui peut être stockée dans le sol.
Si notre terrain est en pente, on peut capter et stocker plus d’eau dans le sol en créant des structures horizontales à travers le paysage. Il peut s’agir de terrasses, de baissières, de murets de pierre, de murs vivants, de haies, qui suivent les lignes de niveau. Lors d’une pluie, l’eau de ruissellement est ainsi piégée et forcée de s’infiltrer dans le sol, de le saturer, puis de descendre plus profondément et de recharger la nappe phréatique.

Mais si notre terrain est très pentu, s’érode facilement, ou en cas d’événement pluvieux très fort, nos structures horizontales vont-elles résister au choc ? Ou bien auront-elles tendance à se briser près des talwegs, c’est-à-dire aux fond des vallées là où les eaux de ruissellement ont tendance à converger et à s’écouler plus rapidement ?
Dans un tel cas, il existe une autre variante utilisée en permaculture pour capter et stocker efficacement l’eau dans le sol. C’est le principe de la ligne clé.
Au lieu de créer des structures horizontales qui suivent les lignes de niveau, créons des structures qui vont toujours un peu vers le bas, toujours partant du talweg et descendant vers les crêtes des vallées. Ces structures peuvent être des murs de pierre, des murs vivants, des haies, ou même simplement des petites tranchées.

Dans ce cas, lors d’une pluie, l’eau de ruissellement n’est pas piégée, mais détournée du talweg, vers la crête. Alors que les structures horizontales doivent être suffisamment solides, surtout à proximité des talwegs, ces structures plus malines sont moins susceptibles d’être confrontées à un fort courant, car elles dispersent l’énergie du flux d’eau du talweg vers la crête, drainant les talwegs saturés et irriguant les crêtes sèches.
Ce principe de la ligne clé (article Wikipédia en anglais) a été développé dans les années 1950 par l’australien P. A. Yeomans. Il est allé jusqu’à trouver la géométrie élégante qui sous-tend ce principe.
Dans la plupart des vallées, il existe un point spécifique au-dessus duquel la pente est convexe et le sol a tendance à s’éroder, et en dessous duquel la pente est concave et les sédiments ont tendance à se déposer. Il l’appelle le point-clé.
Ce point clé fait partie d’une ligne de niveau spécifique qu’il appelle la ligne-clé de cette vallée.
Et la magie géométrique se produit lorsque l’on dessine sur le paysage des lignes parallèles à cette ligne clé. Ces lignes, légèrement inclinées, sont celles qui auront toujours tendance à éloigner l’eau des talwegs et à la diriger vers les crêtes. Pour que cela se produise, cependant, la vallée doit avoir cette forme spécifique convexe/concave.
Comme l’eau se répartie alors uniformément sur le paysage, y compris sur les crêtes, on utilise au mieux toute la capacité de stockage de notre terre. Et, comme ces lignes ne sont pas perpendiculaires à l’écoulement naturel de l’eau, le risque de rupture est beaucoup plus faible, et elles nécessitent moins de matériel et d’entretien pour être efficaces.
N’est-ce pas beau ?
Mais j’ai une pensée supplémentaire à propos de cette technique.
Les structures horizontales et les terrasses sont comme une étudiante débutante en taïchi. Elle essaie d’utiliser ses muscles pour bloquer et repousser la partenaire, et elle tombe. Les structures qui suivent le principe de la ligne clé sont celles où l’étudiante devient une experte en taïchi. Sans faire appel à de nombreux muscles, elle détourne subtilement le mouvement de sa partenaire. La partenaire tombe, mais l’experte garde son équilibre !
Ce principe de la ligne clé n’est pas seulement une pratique agricole astucieuse, c’est vraiment un enseignement spirituel et philosophique. Il s’agit d’observer et de respecter le partenaire — l’eau —, d’accepter le cours naturel des choses — l’eau s’écoule vers le bas —, et pourtant d’influencer profondément la réalité en utilisant des courbes douces et subtiles.
Si vous voulez approfondir un peu, il n’y a pas beaucoup de ressources en ligne en français sur le design de la ligne clé. En anglais, P. A. Yeomans a écrit un livre en accès libre, The Keyline Plan, où il donne plus de détails sur ce qu’on peut faire quand la vallée n’a pas cette forme convexe/concave. Et cette vidéo en français apporte une vision complémentaire de ce que vous venez de lire !
Comment faire pousser des objets dans le potager ?
Il y a quelques semaines, je visite le Musée du Palais National à Taipei, Taïwan. Parmi de nombreux objets magnifiques de la Chine ancienne, je tombe sur une toute petite bouteille qui m’éblouit…
Au 18e siècle, sous la dynastie Qing, le tabac à priser était très courant en Chine. Alors que les occidentaux stockaient leur poudre dans des tabatières, les Chinois utilisaient des petits flacons. Parallèlement à la popularité de cette pratique, les artisans ont développé des techniques pour fabriquer ces petites bouteilles à partir d’une grande variété de matériaux.
En parcourant l’exposition du musée, j’en vois de nombreux exemples.
Certains flacons à priser sont fabriqués en bambou, en verre coloré, en porcelaine. Certains sont littéralement sculptés dans des minéraux comme l’agate, le jade, la turquoise, le lapis-lazuli. Et même dans de l’ambre et du corail. J’en découvre un en cire d’abeille et un autre sculpté dans une coquille de noix… Tous ces flacons à priser témoignent d’une étonnante créativité artistique et de compétences artisanales très pointues. Vous pouvez parcourir la collection complète sur le site web du musée.
Mais, alors que je poursuis la visite, un flacon attire encore plus mon attention. Il s’agit d’un flacon à priser en… gourde moulée.

Flacon à priser en gourde moulée, photo du musée national du Palais, Taïwan (CC-BY).
Cette toute petite bouteille de 4,5 cm de large et 10 cm de haut, aux formes si sophistiquées, est un fruit de la famille des courges qui s’est développé dans un moule.
Me croyez-vous ?
Regardez, si on regarde sous le flacon, on peut voir la pointe de la gourde, cette tache plus claire et arrondie !

Flacon à priser en gourde moulée, photo du musée national du Palais, Taïwan (CC-BY).
Dans l’Histoire, les gourdes ont été utilisées sur tous les continents pour fabriquer des objets, comme des bouteilles d’eau, des bols, des tamis, des abat-jour, des cabanes à oiseaux, etc. Le luffa est une variété spécifique utilisée pour fabriquer des éponges naturelles. Les fruits d’autres plantes, comme le calebassier, ont également été utilisés sous les tropiques pour fabriquer des bassines, des bols, des tasses, des cuillères, des instruments de musique.
Quelle usine idéale pour fabriquer des objets : silencieuse, alimentée par l’énergie solaire, open-source, autoreproductible. La nature, tout simplement.
Dans les exemples que je viens de citer, on fait pousser des objets simples et minimalistes en conservant les courbes naturelles et organiques du fruit. Mais, comme je l’ai réalisé avec ce petit flacon à tabac, il est également possible de faire pousser des objets très sophistiqués à partir de gourdes !
Pour faire pousser des formes aussi complexes, la jeune courge est placée dans un moule en plâtre ou en plastique et, en mûrissant, elle remplit le moule et prend sa forme. Ce qui m’a le plus étonné en voyant cette petite bouteille, c’est à quel point cet artisanat ancien était avancé, il y a seulement deux cents ans, alors qu’il est aujourd’hui presque tombé dans l’oubli.
J’ai trouvé très peu d’informations en français et en anglais sur les techniques de moulage des gourdes. Mais en chinois, on peut trouver plus d’exemples si l’on cherche 模制葫芦 (c’est-à-dire “gourde moulée”). Comme cette vidéo qui montre le démoulage, et celle-ci qui montre différentes formes vendues sur un marché. Certaines personnes revisitent également cet ancien artisanat d’un point de vue contemporain, comme le Gourd Project, qui prévoit de faire pousser des gobelets compostables. Et si vous souhaitez vous lancer dans la culture d’objets avec les gourdes, l’association Kokopelli propose une bonne collection d’une trentaine de variétés !
Pour créer de tels objets, il faut maîtriser le cycle de croissance des gourdes ainsi que la préparation minutieuse du moule. J’aime beaucoup. C’est une sorte de mariage entre le jardinage et l’artisanat !
Si l’on a déjà un jardin, une ferme en permaculture, une forêt comestible, n’est-il pas tout naturel de faire pousser ses propres objets ?
Comment orchestrer le jardin avec des protéodies ?
Il y a plusieurs années, alors que je travaille dans un centre de recherche en agronomie, à Paris, nous organisons un voyage d’une journée avec une collègue pour visiter un vignoble en biodynamie dans la vallée de la Loire, au sud de Paris. Nous y découvrons une pratique agricole inattendue qui utilise des ondes sonores.
Habituellement, quand on pense à la biodynamie, on pense à la pulvérisation de solutions très diluées sur les plantes. Une technique agricole similaire à l’homéopathie, qui a été développée par l’Allemand Rudolph Steiner au début du 20e siècle. Les vignerons à qui nous rendons visite avec ma collègue préparent effectivement de telles dilutions et les pulvérisent sur leurs vignes. Ils nous invitent à visiter le vignoble, pour voir par nous-mêmes comment la vitalité des plants pulvérisés diffère de celle des plants non pulvérisés.
Mais, alors que nous nous promenons dans le vignoble, quelque chose d’autre attire notre attention.
Non loin de notre sentier, nous distinguons une sorte de boîte cachée sous le feuillage d’un rang de ceps. La boîte semble reliée à une batterie et à un panneau solaire. En se rapprochant, cette boîte s’avère contenir des haut-parleurs pointant vers différentes directions.
Des haut-parleurs, pensé-je ? Essaient-ils de repousser les insectes en émettant des sons désagréables ?
Le vigneron nous explique que les haut-parleurs diffusent en fait une séquence de sons spécifique, qui stimule l’expression de gènes précis dans les pieds de vigne, favorisant leur croissance. Une telle séquence de notes, inhibant ou stimulant l’expression d’un gène spécifique a un nom, on l’appelle une protéodie, une ‘protein-melody’.
Les protéodies ! La musique des protéines.
De toutes mes études, je n’avais jamais entendu parler d’une telle chose ! Pourtant, cette histoire a commencé quand j’étais très jeune, avec Joël Sternheimer, un spécialiste français de la physique quantique et également musicien.
Comme il l’explique sur son site Genodics, Joël Sternheimer s’est inspiré des travaux du prix Nobel Louis de Broglie, qui a énoncé qu’une onde, dite onde de matière, peut être associée à toute quantité de matière donnée. Pour une molécule donnée, il existe une onde de matière avec une fréquence spécifique.
Joël Sternheimer a essayé de calculer les fréquences associées à chacun des 20 acides aminés, les éléments qui forment nos protéines. Il a constaté que ces 20 fréquences peuvent être transposées en 20 notes que l’on peut jouer sur n’importe quel instrument de musique. Alors, pour chaque protéine, il a pu transposer ces séries de notes sur des partitions, créant ainsi des protéodies !
Mais le plus intéressant, c’est que, alors qu’il expérimentait avec ces protéodies, il s’est rendu compte que le fait de jouer la mélodie d’un gène spécifique d’une plante renforçait l’expression de ce gène dans la plante ! Il a ensuite créé son entreprise, Genodics, qui propose des protéodies aux agriculteurs pour soutenir la vitalité de leurs cultures.
Joël Sternheimer a également développé une théorie pour tenter d’expliquer comment une onde sonore peut se traduire en onde de matière dans les êtres vivants, puis comment elle peut influencer l’expression des gènes.
Il est intéressant de noter que certains chercheurs considèrent ses travaux comme de la “pseudo-science”, car ils n’ont pas été publiés dans des revues scientifiques à comité de lecture. Si, comme moi, vous vous aventurez souvent aux frontières de la science avec curiosité, vous savez déjà que c’est un phénomène très courant. Alors qu’un chercheur affirme avoir découvert quelque chose et a déjà lancé une entreprise basée sur cette découverte, d’autres chercheurs affirment que cette découverte est pseudo-scientifique et que l’entreprise est une arnaque.
Une telle situation peut être très perturbante, car, soudainement, on réalise que l’on ne peut plus se fier à la connaissance scientifique que l’on croyait unifiée et consensuelle. On se rend compte que la science n’est rien d’autre qu’un phénomène social, avec des gens qui essaient de faire du bon travail, mais aussi des conflits d’intérêts, des hiérarchies, de la politique, de la compétition, des alliances, des contradictions, et tellement d’incertitudes. Mais cette prise de conscience est formidable, car elle nous oblige à reprendre nos responsabilités, à cesser de faire aveuglément confiance aux experts, à enquêter, à construire nos propres opinions et à prendre nos propres décisions.
Donc, pour l’instant, si notre décision est de faire confiance au travail de Joël Sternheimer, cela signifie qu’en matière de jardinage, le son est important !
Ma tante me dit souvent qu’elle parle à ses plantes. Depuis quelques années, je chante de ma meilleure voix en jardinant.
Et puis, quand je dis dans notre projet de jardin-forêt expérimental que j’aimerais inviter des artistes à donner des concerts sous les arbres, commencez-vous à percevoir que ce n’est pas seulement parce que je suis un gentleman romantique ?
Au contraire, voilà une intention tout à fait intéressée !
Une troupe de musiciennes, jouant au milieu de nos arbres fruitiers ? Une fertilisation musicale gratuite pour nos légumes ? Merveilleux, venez jouer !
Comment fertiliser un jardin avec la méditation ?
Il y a environ 10 ans, ma grand-mère m’a remis une copie d’un article qu’elle avait trouvé dans un magazine. Ce texte affirmait que certains agriculteurs en Inde méditaient tous les matins dans leurs champs pour augmenter le rendement des cultures.
Augmenter le rendement en utilisant la méditation ? Les méditants matérialisent-ils des nutriments juste avec leur esprit ? Je ne pouvais pas imaginer comment une telle chose pouvait se produire et je ne savais pas quoi penser.
Ah, me disais-je, parfois les grands-mères sont un peu trop crédules. Mais ça les rend mignonnes !
Peu après, je commençai à m’aventurer dans la méditation pour faire face à mes nombreux problèmes de santé. J’ai fait quelques retraites Vipassana au fil des ans, comme cette première que je décris avec humour et précision, et j’ai commencé à mieux comprendre ce qu’est la méditation, et à expérimenter plus profondément l’enchevêtrement entre l’esprit et le corps, l’esprit et la matière.
Tout en apprenant et en pratiquant, je me suis demandé si des travaux scientifiques avaient été réalisés sur la méditation. Au fur et à mesure de mes recherches, je me suis rendu compte qu’un très grand nombre de scientifiques académiques et de chercheurs indépendants étudient en effet la méditation depuis des décennies.
Quelques-uns d’entre eux ont spécifiquement étudié l’effet de la méditation sur la croissance des plantes… Voici un échantillon de trois des études les plus récentes.
En 2015, en Inde, le rendement du blé a été augmenté de 38% dans des champs biologiques où les agriculteurs méditaient, par rapport aux champs biologiques sans méditation1. En 2016, en Afrique du Sud, le poids frais de carottes a été augmenté de 10% lorsque le scientifique méditait 15 min tous les matins, par rapport aux carottes poussant dans les mêmes conditions mais sans méditation2. En 2016, au Royaume-Uni, le poids sec des plants de haricots ayant reçu une intention mentale positive ponctuelle de la part d’un groupe de 50 personnes était supérieur de 22,7% à celui des plants de haricots poussant dans les mêmes conditions mais sans intention mentale3.
De 10 à 38% d’augmentation de rendement ? Voilà qui n’est pas négligeable ! J’aimerais bien moi aussi augmenter mes récoltes de tomates de 20% juste en méditant ! Ce serait fort élégant. Qui pourrait trouver un moyen moins cher et plus écologique de fertiliser un jardin ?
Peut-être que ma grand-mère avait raison ? Qui a osé dire que ma grand-mère était trop crédule ?!
Dans l’ensemble, cette petite liste d’expériences montre que, partout dans le monde, certaines personnes effectuent des recherches sérieuses sur l’impact de la méditation sur la croissance des plantes. Elles essaient de concevoir des dispositifs expérimentaux robustes et des analyses statistiques rigoureuses, et leurs résultats montrent qu’un phénomène très intéressant se produit bel et bien. Je ne sais toujours pas exactement comment cela fonctionne, mais j’ai constaté qu’il existe déjà de nombreuses théories sophistiquées qui tentent de l’expliquer.
Toutefois, si l’on veut parvenir à une compréhension rigoureuse et scientifique de ce qui se passe, il va falloir multiplier ce genre d’expériences. Avec différentes plantes, différents types de méditation, réalisées par différentes équipes de recherche indépendantes les unes des autres, faire des analyses statistiques très solides, etc. Étant donné le très petit nombre de personnes qui y travaillent actuellement, il faudra des décennies et des décennies avant que la science puisse fournir des résultats solides !
Mais nous n’avons pas besoin d’attendre la science.
Nous n’avons pas besoin d’attendre que les scientifiques académiques étudient ce sujet en profondeur. On peut déjà le faire nous-mêmes. L’un des aspects très intéressants de cette pratique agricole est qu’elle est encore plus simple que les pratiques low-tech. Chacun, chacune, peut s’asseoir, méditer pour souhaiter que ses légumes soient vigoureux, et observer les résultats par soi-même. Et essayer encore et encore, jusqu’à comprendre dans quelles conditions ça marche, et dans quelles conditions ça ne marche pas.
Lorsque j’écris dans notre projet de jardin-forêt expérimental que j’aimerais accueillir des retraites de méditation, commencez-vous à réaliser que ce n’est pas simplement parce que je suis une personne si spirituelle ?
Au contraire, voilà une intention tout à fait intéressée !
Un groupe de méditants, assis au milieu de nos carottes ? Une fertilisation gratuite de nos légumes ? Merveilleux, venez méditer !
- Parrott, N. (2021). Subtle agroecologies: Farming with the hidden half of nature (p. 384). Taylor & Francis.
- Ndiritu, J., Hlongwane, J., Baranzika, T., & Nyembezi, L. (2016). Applying psychoenergetics to enhance seedling development and crop yields.
- Rubik, B. (2016). Interactions of pyramidal structures with energy and consciousness. Cosmos and History: The Journal of Natural and Social Philosophy, 12(2), 259-275.
À la semaine prochaine pour d’autres méthodes de jardinage inhabituelles mais élégantes… ;)
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Super ! Alors vous aimerez peut-être lire mon essai sur les plantes “invasives” où j’invite à essayer de penser comme un écosystème, ou découvrir notre projet de jardin-forêt.