Comment cultiver des fraises à 4000 m d'altitude ?

Cet article est un épisode de ma série sur les techniques de jardinage inhabituelles que je trouve élégantes et inspirantes. Cette série fait partie de mon projet sur l’agroécologie.

En 2008, je voyage à travers l’Amérique du Sud avec Morgane, une amie agronome, quand, à 4000 m d’altitude, sur le haut plateau péruvien où il gèle habituellement pendant la nuit, nous tombons sur des fraises…

Alors que le bus nous conduit à travers l’Altiplano, les hauts plateaux des Andes, nous nous imprégnons de ce paysage si particulier.

Photo de l'Altiplano péruvien, avec des moutons qui paissent, une prairie d'un vert éclatant et des murs de pierre.

De longues vallées, des villages. De temps en temps un lac d’un bleu profond. Plus loin, des prairies rocailleuses entaillées par des torrents impétueux, pâturées par des moutons et des lamas. Et quelques arbres ici et là.

Photo d'un troupeau de lamas dans les prairies rocheuses du district d'Ocongate, au Pérou.

Sous des latitudes plus élevées, un plateau aussi haut serait probablement couvert de neige la plupart du temps, mais ici, pas si loin de l’équateur, les vallées restent couvertes d’herbe verte. Bien qu’il gèle chaque nuit, le fort ensoleillement fait remonter la température chaque jour.

Photo d'une prairie vallonnée et d'enfants dans l'Altiplano péruvien.

Nous arrivons dans le district d’Ocongate, face aux vallées qui descendent de l’imposant massif de l’Ausangate. À l’extérieur du bus, le ciel est bleu, le soleil chauffe fortement nos visages, mais l’air sec et léger reste froid.

Un très bel endroit, mais rude, où l’on ressent continuellement la puissance de la nature autour de nous.

Photo de la chaîne de montagnes Ausangate, Pérou.

Comment peut-on faire pousser des fraises à une telle altitude, dans un environnement aussi rigoureux ?

Si nous quittons notre bus à Ocongate, c’est que nous rendons visite à un autre agronome en stage de développement agricole. Il travaille pour une institution qui explore les moyens d’accroître la diversité nutritionnelle des populations locales. L’un de leurs projets consiste à aider à la construction de petites serres pour que les habitants puissent diversifier leur alimentation en cultivant leurs propres légumes… et fraises !

Photo d'un petit village avec une maison verte dans l'Altiplano, district d'Ocongate, Pérou.

Alors que nous visitons quelques serres, certaines semblent un peu abandonnées, colonisées par des plantes sauvages. D’autres, au contraire, ressemblent à des miniforêts nourricières parfaitement entretenues avec soin et amour.

Découvrir de tels cocons de nature chaude et luxuriante au milieu de cette rude prairie monotone éveille un sentiment d’excitation, un sentiment de liberté.

Tout semble possible !

Photo à l'intérieur d'une grange d'argile dans l'Altiplano, district d'Ocongate, Pérou.

La conception des serres est assez simple : un petit murêt d’environ 50 cm de hauteur ainsi que deux pignons sont fait de briques de terre crue locale. Au dessus, une structure en tubes de PVC supporte une toile en plastique transparent. Pendant la journée, les murs accumulent de la chaleur qu’ils restituent pendant la nuit, empêchant ainsi l’intérieur de la serre de geler.

Cette visite m’a montré que, même dans un environnement difficile, on peut créer des microclimats en utilisant des concepts et des matériaux simples, comme pour ces serres. Grâce à cette stratégie, il devient possible de diversifier la production, au point de pouvoir cultiver des fraises et d’autres légumes délicats à 4000 m d’altitude.

Dans tout jardin, en plus d’une petite serre, on peut aussi créer des microclimats en jouant avec les éléments naturels.

Un mur de pierre bloque le vent et diffuse de la chaleur pendant la nuit. Un bosquet d’arbres à feuilles persistantes ralentit le vent même en hiver et protège son sous-bois du gel. Un étang amortit les variations de température. Etc.


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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >