L'influence occidentale chez les massaïs au Kenya

Cet article fait partie d’une série que j’ai écrite en 2007 lors d’un séjour de 5 mois au Kenya.

La station expérimentale est le lieu de nombreuses expériences et mesures qui sont toutes menées de front par différents techniciens. Une de celles-ci va bientôt être mise en place. Il s’agit d’étudier l’effet des animaux sur les populations de niébé sauvage présentes dans un pré. Pour cela, nous avons besoin de constituer un petit cheptel.

Nous voilà donc partis à cinq dans le pick-up, pour Lunga Lunga, où a lieu tous les lundis le marché aux bestiaux. Ce patelin est proprement le bout du monde… Sur une petite colline à l’extrême sud du Kenya, il n’est qu’à cinq kilomètres environ de la frontière avec la Tanzanie.

Arrivés sur place, après plusieurs dizaines de kilomètres de routes puis de pistes, nous voyons apparaître sur cette colline au milieu de nulle part, des centaines de personnes déambulant entre des stands toujours très colorés où sont vendus habits traditionnels, légumes, outils, etc.

Après avoir garé la voiture, nous nous séparons donc en deux groupes : un premier groupe va aller prospecter aux stands des animaux pour tenter de trouver deux moutons et d’en déterminer le prix d’achat avec le vendeur. Le deuxième groupe, quant à lui, va simplement servir à promener le Mzungu, le Blanc, moi donc, loin du premier groupe…

En effet, lorsqu’un Mzungu arrive dans ce genre de marché, les prix évoluent en quelque sorte en fonction de ses mouvements : tout ce qui est près du Blanc devient cher ! Ainsi, pour éviter de subir cette nouvelle loi du marché, je me tiendrai à l’écart jusqu’à ce que le prix ait été fixé !

Je me balade donc entre les stands, escorté par mon collègue kenyan. Puis nous décidons de nous arrêter un peu pour nous désaltérer dans une sorte de petit bar qui ne semble fonctionner que lors les jours de marché. Nous nous asseyons, nous commandons deux pintes de Tusker, la bière kenyane.

Je commence donc à boire ma bière, assis sous une paillote, en haut de cette colline, avec en face de moi, un mélange inattendu de personnages : parmi des Kenyans habillés à l’occidentale, de nombreux Massaïs, en tenue traditionnelle bleu vif sont aussi en train de siroter leur bière. Si j’avais su que c’est ici que je rencontrerais mes premiers Massaïs, accoudés au comptoir d’un bar !

Finalement, je comprends que ce marché, malgré son isolement, est à l’image de ce qu’est le Kenya : une mosaïque de cultures. Ici, se retrouvent de nombreuses tribus parmi les 42 tribus kenyanes, ici se côtoient les Chrétiens et les Musulmans, les sédentaires et les nomades.

Mais les différences sont d’autant plus marquées que les Massaïs sont aussi différents des autres physiquement : scarifications sur les joues, lobes des oreilles très agrandis par les boucles, crânes tondus sur le devant et tresses de l’autre côté.

Et pourtant, ce n’est pas ce mélange-là, le mélange de cultures, qui est le plus choquant. Certains de ces Massaïs, dont l’un vient d’acheter une bouteille de vodka devant moi, portent des montres gris métallisé et parfois plusieurs au même poignet. Puis, en baissant les yeux, je remarque que celui d’en face porte des sandales dont les semelles ont été découpées dans un pneu de voiture usagé…

On sent jusqu’ici l’influence occidentale, et je crois que le Kenya c’est aussi ça : une juxtaposition de cultures traditionnelles, le tout mélangé à des éléments modernes en provenance de l’occident et n’ayant a priori rien à faire ici. Et c’est précisément lorsqu’un autre Massaï, en tenue on ne peut plus traditionnelle, sort de sa poche un téléphone portable, que je contemple ma bière croyant rêver…

Oui, à ce moment-là, je me prends pour Harrison Ford, et je m’imagine sur l’une de ces planètes de la Guerre des Étoiles, où l’on rencontre dans les bars sombres, accoudés au zinc ou assis à une table, toutes sortes d’êtres de toutes les formes possibles, parlant toutes les langues imaginables, habillés de toutes sortes d’objets, et venant de tous horizons !

Il ne manque plus que les musiciens du film et tout y est.

Mais qu’est-ce que je fais là… ?


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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >

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