La diversité ethnique sur la côte kényane. Religion, langue, physionomie

Cet article fait partie d’une série que j’ai écrite en 2007 lors d’un séjour de 5 mois au Kenya.

Moi qui les croyais tous pareils, je m’étais bien trompé ! Mes collègues de travail sont en fait d’origines bien différentes au sein du Kenya.

À la station, nous avons donc tout d’abord plusieurs travailleurs originaires des hauts plateaux de l’Ouest du pays. Nelson, Beatrice, Janet et Georges sont tous les quatre chrétiens. En fait, l’ouest du pays est à grande majorité composé de tribus évangélisées depuis la visite de nos amis les Portugais et autres Britanniques.

Nos amis ont donc laissé sur leurs traces leur religion, mais aussi leurs prénoms ! Ainsi, un kényan, même s’il ne demande jamais directement à un autre kényan sa tribu d’origine, sait tout de suite grâce au premier prénom, si son interlocuteur est chrétien ou musulman. Il en déduit alors un éventail de tribus auxquelles il peut appartenir, et le deuxième prénom va finir de préciser l’identité de la personne.

À la station, tout le monde sait donc que Georges est un Luo, et que Béatrice, Janet et Nelson sont des Luyas, chaque tribu ayant par ailleurs sa langue maternelle propre.

Et encore mieux, je me suis rendu compte au bout d’un mois, que certains kényans de l’Ouest sont moins noirs que ceux de la côte ! Et oui ! Entendons-nous bien : en France ils paraîtraient plus noirs que noirs, mais comparés aux autres kényans, ils sont plus clairs et ont même le nez un peu plus pointu, se rapprochant du nôtre…

Et alors, qu’est-ce qu’ils font là ? Et bien ils sont tout simplement venus ici pour trouver du travail car l’Est touristique en offre plus que l’Ouest…

Ensuite, le reste des techniciens est constitué de locaux, de la tribu des Digos parlant un autre dialecte. Leurs prénoms, Mwabasi, Juma, Addi,… sont ceux de musulmans, comme la majorité des gens sur la côte où l’influence arabe a été très forte durant le dernier millénaire.

Pour ceux-là, j’ai appris petit à petit que nombre d’entre eux ne savent pas très bien lire ni écrire. Dans un pays où les dirigeants se plaisent à rappeler régulièrement l’existence de la « free education », cela me paraissait étrange jusqu’à ce que je comprenne que celle-ci n’a été mise en place qu’il y a trois ans…

Ces techniciens, qui ont un peu plus que mon âge, sont arrivés avant la réforme, et n’ont donc jamais pu aller au bout de leurs études par manque de moyens financiers… Reste tout de même une question sans réponse pour le moment : pourquoi est-ce sur la côte si prospère, auparavant commerçante puis touristique aujourd’hui, que les gens ont le plus de difficulté à aller à l’école ?

Ainsi, je suis entouré ici de nombreux jeunes ayant la vingtaine, mais dont certains ne savent pas lire. Et pourtant, ils sont déjà tous mariés, et avec au moins un enfant chacun ! En effet, selon la tradition musulmane, les mariages se font très tôt, vers l’âge de 15 ans.

À l’opposé, les Chrétiens de l’Ouest, aux mœurs plus catholiques (ceci est une boutade, bien entendu), se marient quant à eux rarement avant 25 ans et regardent d’un air amusé cette propension des musulmans à se marier si jeune…

Encore une fois, ces kényans me surprennent par leur grande diversité de mœurs, de langues, et d’apparence !


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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >

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