Nous avons acheté 2 parcelles agricoles pour lancer une Agroforêt Expérimentale en Bourgogne

Cette lettre est le 7e épisode de mon 🔭 Carnet de Laboratoire, une newsletter mensuelle où je partage mes explorations.

Hsiao et moi avons l’honneur de vous annoncer l’arrivée de Clémentine et Coussolline dans la famille !

Aquarelle représentant deux fermes personnifiées avec des visages humains.

Ces petites êtres ne sont ni des jumelles nouveau-nées, ni des chiennes, mais deux parcelles de terre agricole ! Deux parcelles de prairie que nous avons achetées le mois dernier.

Quelle chance d’avoir pu acquérir et de pouvoir prendre soin de ces deux portions de notre planète.

Ou bien, au contraire, ces deux dames n’auraient-elles pas gentiment accepté de nous adopter, nous, petit étudiant malhabile, petite élève maladroite, en apprentissage pour réapprendre à vivre en harmonie au sein de la biosphère ? Car lorsqu’on arpente ces terres, au milieu de tant d’êtres vivants, on se sent si petit qu’on réalise que, contrairement à ce que croit la notaire, c’est nous qui appartenons à Coussolline et Clémentine, et non l’inverse !

À moins que Coussolline et Clémentine ne soient simplement deux nouvelles amies que nous venons de rencontrer ? Chacune avec sa personnalité, et avec qui nous avons la chance de commencer des relations d’égal à égale, en prenant soin l’une de l’autre et en riant bien…

Curieusement, presque au moment de signer l’acte de vente, j’ai redécouvert par hasard une publication Facebook que j’avais partagée il y a 7 ans :

Copie d’écran d'une publication sur Facebook.

J’ai été surpris de constater que ce message est à la fois très éloigné de ce que j’ai vécu depuis ce jour, et très proche de ce que je commence à vivre aujourd’hui, exactement 7 ans plus tard.

Intrigant de voir comment une trajectoire de vie peut paraître si chaotique à court terme, et pourtant, sur le long terme, révéler des directions claires…

Nous venons d’acheter deux terrains agricoles

Ainsi, 7 ans après cette publication Facebook, dans le monde bureaucratique des humains, Hsiao et moi avons acheté Coussolline (0,2 ha, 2 000 m2) et Clémentine (1,5 ha, 15 000 m2) en Bourgogne.

Aquarelle de deux terres agricoles représentées sur une carte.

Nous les avons achetées 11 000 euros, frais de notaire inclus. Certains trouvent que c’est trop cher, d’autres que c’est correct. Pour nous, cela nous a surtout semblé être à la fois abordable et une chance dans un contexte où la recherche de terres agricoles est un processus long et fastidieux.

Sur ces deux morceaux de la Terre, nous pouvons maintenant développer le jardin forêt expérimental que je décrivais il y a un an et demi. Bien que le climat soit finalement continental au lieu d’être méditerranéen, il s’agit essentiellement du même projet.

La planification de mes activités de 2024 sur ces parcelles m’a pris pas mal de temps, et c’est l’une des raisons pour lesquelles je n’ai pas écrit de Carnet de Laboratoire au cours des 4 derniers mois.

Et maintenant, pour ne pas louper le coche du printemps, nous avons commencé à planter !

Coussolline : 0,2 ha de prairie plane, sol sablo-limoneux

Ce cercle que vous voyez sur Coussolline est une version miniature de 250 m2 de notre future ferme expérimentale, dans le sens où la plupart des cultures et des usages que l’on veut explorer y sont déjà présents.

Photo de la préparation de la plantation d’un jardin forêt de forme circulaire, en Bourgogne, France.

La stratégie principale est de planter quelques micro-forêts comme celle-ci chaque année, d’écouter la réponse de Coussolline, de réajuster le plan en conséquence, et de planter de nouvelles micro-forêts l’année suivante.

Je demande souvent à Coussolline si elle aime cette première micro-forêt. Jusqu’à présent, j’ai l’impression qu’elle aime bien. Mais parfois, lorsque je suis suffisamment attentif, elle semble me suggérer en douceur, mais avec conviction, des ajustements, qui surviennent sous la forme d’observations inattendues et d’idées nouvelles…

Cette petite version de la ferme est une agroforêt diversifiée. On y plante des arbres fruitiers (pommier, poirier, kaki, kiwi, citronnier rustique…) ; des arbres à croissance rapide pour la biomasse, le bois de chauffage, le bois d’œuvre et l’architecture vivante (saule, peuplier, paulownia…) ; des mini-trognes pour leurs feuilles comestibles (tilleul, mûrier…). Entre les arbres, se trouvent des arbustes à baies (sureau, cassis, groseille, goji), des plantes aromatiques et médicinales, et des légumes vivaces et annuels. Nous avons commencé à tout planter, et si tout se passe bien, nous devrions pouvoir récolter des légumes les premières années, puis des baies et des aromates, puis des fruits et du bois. Lorsque l’ombre sera trop dense pour les légumes, nous les planterons sous une micro-forêt plus récente.

Photo de la plantation d'un jardin forêt sur une prairie, en Bourgogne, France.

Au milieu de ce jardin forêt se trouve une clairière de prairie ronde, un espace multifonctionnel où l’on se sent déjà comme dans un cocon. Le quartier général d’où superviser cette micro-forêt ? Le lit de verdure pour la sieste après le travail ? La place du village pour les festins gaulois ? Le théâtre pour un après-midi contes ? Nul ne le sait vraiment…

Ce petit jardin-forêt fait ~250 m2, dont 150 m2 de plantations et 100 m2 de clairière au milieu. Nous pourrions faire tenir plus de 50 micro-forêts comme celle-là sur les 17 000 m2 de Coussolline et Clémentine !

Pour une personne seule, il a fallu 1 h de travail par mètre carré (+ courbatures) pour préparer cette microforêt avec des outils manuels et sans stress : collecte et achat de graines, boutures, plantes, bois déchiqueté, compost ; prise de mesures ; préparation du sol ; plantation de toutes les plantes (sans comptabiliser les légumes annuels).

Si je travaille à plein temps à la préparation de 50 autres petits jardin-forêts en utilisant cette même technique, limité par ma condition physique qui n’est pas encore à son optimum, j’estime que j’aurai terminé dans environ 7 ans (+ gros biceps). Pas trop mal !

Autrement dit, j’aurais déjà fini aujourd’hui, si seulement j’avais commencé juste après ce message Facebook !

Clémentine : 1,5 ha de prairie en légère pente, sol argilo-calcaire

Pour cette année, comme je suis déjà bien occupé avec les plantations sur Coussolline, nous allons proposer à Clémentine une autre activité : le ré-ensauvagement.

Photo d'une prairie et d'un bois en hiver, en Bourgogne, France.

Creuser une petite rigole, le long d’une courbe de niveau, pour amener l’eau de ruissellement au cœur de Clémentine au lieu de la laisser fuir.

Laisser pousser une ceinture forestière naturelle de 4 mètres d’épaisseur, une sorte de haie entourant le terrain, comme une membrane protectrice contre la pollution et les fluctuations climatiques, mais aussi comme attracteur pour les oiseaux.

Laisser l’herbe pousser le plus haut possible dans certaines zones, afin que les racines décompactent le sol de plus en plus profondément et que de la biomasse s’accumule.

Observer où les animaux sauvages aiment passer, quels insectes rôdent dans les parages, quelle plante bioindicatrice pousse ici ou là…

Il me semble que Clémentine aime aussi ce programme.

En l’arpentant, je ressens chez elle une forte vitalité potentielle, mais en même temps, un profond calme. Une personne qui se plaît à faire des mouvements puissants, mais lents. Au lieu de commencer à “faire pousser des choses” rapidement, elle semble plus intéressée par le fait d’avancer pas à pas, d’une succession écologique à l’autre, jusqu’à ce que la vitalité du sol soit si élevée, le microclimat si résilient, la biodiversité si complexe, qu’il devienne facile de faire pousser des choses.

J’ai hâte de voir tout cela se développer ! Pas vous ?

À la prochaine ;)

Lénaïc

Photo d'un sentier et d'une prairie sous la neige en hiver en Bourgogne, France.


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Génial ! Alors, vous aimerez peut-être lire l’article où je décrivais notre projet de forêt comestible expérimentale en climat méditerranéen !

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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >