L'exposition aux radiations dans une ville dépend fortement de votre localisation. Exemple à Taipei, Taïwan

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Ce message est issu de Mésange, ma lettre éphémère que j’envoie chaque dimanche, d’octobre 2022 à mars 2023. < Précédent | Suivant >

Lorsque j’ai commencé à soupçonner que j’étais électro-hypersensible, j’ai emprunté un détecteur de champs électromagnétiques et j’ai mesuré partout. J’ai vérifié si mes symptômes apparaissaient effectivement lorsque j’étais exposé, j’ai étudié le comportement des champs électromagnétiques, et j’ai conclu sur ce qu’il fallait faire pour réduire mon exposition.

J’ai déjà partagé une visualisation des champs électriques et magnétiques que j’ai mesurés autour de mon ordinateur portable. Ici, je partage les mesures d’ondes électromagnétiques, ou radiations — celles émises par les tours de téléphonie mobile (2G, 3G, 4G, 5G…), les téléphones portables, le Wifi, le Bluetooth, les fours à micro-ondes.

Ma question était la suivante : où, dans une ville, puis-je trouver des endroits sûrs, des endroits où l’exposition à la pollution électromagnétique est faible ?

J’ai effectué ces mesures dans la ville de Taipei, à Taïwan.

De fortes radiations dans notre salon

Je commence mon enquête pendant mon petit déjeuner, dans notre salon.

Oh ! Quelle surprise. Le niveau moyen de rayonnement est ~50 fois plus élevé que le seuil acceptable1 de 0,2 milliwatt par m2 (mw/m2) ! Et il ne s’agit pas simplement de pics d’émission qui seraient ponctuels, c’est un fort rayonnement en continu.

Je ne comprends pas. Comment se fait-il que les radiations puissent être si élevées dans notre appartement ? Notre Wifi est éteint, nos téléphones portables sont en mode avion, nous n’avons pas de four à micro-ondes.

Ça pourrait venir des voisins ? Allons vérifier dans le couloir…

Dans le couloir, radiations faibles

Dans le couloir, entre cinq appartements et un boîtier Wifi partagé sur le mur, je mesure des radiations plus faibles que dans notre appartement…

Intéressant. Cela me montre que les murs filtrent significativement les radiofréquences. Sinon, je mesurerais des valeurs comparables dans notre appartement et dans le couloir.

Mais alors, si la pollution électromagnétique ne vient pas de nos voisins, ni de cette box Wifi partagée, pourrait-elle venir de l’extérieur ?

Allons sur le toit pour en avoir le cœur net.

Sur le toit, un rayonnement non mesurable !

Incroyable ! Les radiations sur notre toit sont trop élevées pour être mesurées par ce détecteur !

Donc, lorsque je profitais du toit terrasse pour faire du jardinage, j’étais en fait très exposé…

Tout comme dans notre appartement, il y a ici une très belle vue d’ensemble sur la ville. Bizarrement, je n’arrive pas à identifier clairement les sources de ces radiations. La plus probable pourrait être une énorme antenne de téléphonie mobile, mais elle semble très éloignée. Je me demande quel est le niveau d’exposition dans les rues.

Prenons l’ascenseur pour descendre.

Notre ascenseur est un lieu sûr !

Après un premier pic d’émission, alors que la porte de l’ascenseur se ferme, les radiations électromagnétiques diminuent jusqu’à devenir indétectables.

Ah ! J’ai finalement trouvé un endroit idéal dans notre immeuble ! Au cas où je voudrais dormir en lieu sûr, je pourrais toujours utiliser l’ascenseur. Très pratique.

Devinez-vous pourquoi les radiations sont si faibles dans l’ascenseur ?

C’est probablement parce que, comme c’est une boîte métallique, elle se comporte comme une cage de Faraday, bloquant toutes les ondes électromagnétiques.

À l’entrée du bâtiment, faible rayonnement

Je suis triste de quitter mon ascenseur de Faraday, mais, en traversant l’entrée de notre immeuble, je remarque que c’est aussi un endroit très sûr : nous sommes en dessous du seuil d’exposition acceptable de 0,2 mw/m2.

En effet, pensé-je, comme je suis maintenant au rez-de-chaussée, les rayonnements des antennes de téléphonie sont filtrés par plusieurs épaisseurs successives de murs des immeubles environnants.

Mais qu’en est-il dans les rues ?

Dans notre rue, rayonnement moyen

Dans notre rue, avec une vue relativement dégagée, le détecteur de champs électromagnétiques ne mesure qu’un niveau moyen de rayonnement.

C’est toujours ~15 fois plus élevé que le niveau d’exposition acceptable, mais plus sûr que notre salon !

Qu’en est-il d’une rue plus étroite ?

Dans une rue étroite, très peu de radiations

Ah ! Voilà un autre endroit sans risque.

Donc, dans une rue étroite, si je ne vois pas d’antenne de téléphonie autour de moi, si je ne suis pas entouré de personnes utilisant des smartphones, la pollution électromagnétique est susceptible d’être très faible.

Intéressant. Si l’ascenseur n’est pas libre, pensé-je, je peux toujours dormir dans la rue. Très pratique.

Ok, maintenant, allons nous détendre dans l’herbe, dans un parc voisin.

Au parc Daan, un rayonnement non mesurable !

Oh, non ! Dans le grand parc de verdure de Daan, le rayonnement est trop élevé pour être mesuré par ce détecteur !

Dans un parc ? Comment est-ce possible ?

En examinant mieux, je trouve une tour de téléphonie majestueuse sur un bâtiment voisin. Ah oui, c’est sûr, c’est très pratique si j’aime faire mon jogging tout en écoutant un podcast sur “comment sauver le monde”, en utilisant la 5G de mon smartphone. Mais si j’ai simplement envie de m’allonger dans l’herbe, loin de ces technologies douteuses ?

Il doit bien y avoir un endroit secret dans ce parc, pour les personnes anormales qui veulent juste s’allonger dans l’herbe. Cherchons plus loin.

Caché derrière un bosquet de bambou, rayonnement affaibli

Je crois que je l’ai trouvé ! Un bosquet de bambous !

Près de ce bosquet de bambous, avec la majestueuse tour de téléphonie de l’autre côté, les radiations sont atténuées.

Intéressant. Non seulement les murs filtrent significativement les radiofréquences, mais aussi les bambous. Et probablement toute sorte de plante.

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai besoin de digérer ces découvertes. Allons prendre un verre dans un bar avec une amie.

Conclusion : 3 principes simples

Ah ! Ce bar est aussi un endroit assez protégé.

Mais maintenant, je commence à comprendre pourquoi :

  • Nous sommes au rez-de-chaussée le long d’une rue étroite : pas de grande vue d’ensemble de la ville, pas de tour de téléphonie mobile visible, de nombreux murs filtrent les radiations pour nous.
  • Le bar n’est pas très fréquenté : seuls quelques téléphones portables émettent dans les environs.
  • Nous sommes assis à plusieurs mètres de la borne Wifi et des autres consommateurs utilisant leurs smartphones : l’intensité des ondes électromagnétiques diminue très rapidement avec la distance.

Juste ces trois principes simples, tirés de mes mesures sur le terrain, peut déjà atténuer considérablement notre exposition.

Mais il y a encore une chose.

Si vous lisez cet article sur un téléphone portable, avec le Wifi ou les données cellulaires, alors votre tête et votre poitrine sont actuellement exposées à des valeurs trop élevées pour être mesurées par ce détecteur. Même si vous vous trouvez au cœur d’une forêt. Car, même si un smartphone émet beaucoup moins qu’une tour de téléphonie, vous en êtes beaucoup plus proche.

Si, au contraire, vous lisez cet article sur un ordinateur branché sur un câble Ethernet, ou si vous avez d’abord téléchargé l’article et que vous le lisez hors ligne, alors vous pourriez être exposé à des niveaux de rayonnement bien inférieurs aux seuils acceptables. Même si vous vous trouvez au cœur d’une ville.

Une fois que vous avez compris où vous pouvez trouver une faible exposition, vos propres habitudes deviennent le levier le plus important, qui détermine dans quelle mesure vous exposez votre corps aux ondes électromagnétiques artificielles.

La méthode que j’ai utilisée pour réaliser cette expérience

Comment j’ai fait les mesures

J’ai utilisé le détecteur de champs électromagnétiques Trifield, modèle TF2. J’ai mesuré des séries de 15 secondes de valeurs (non pondérées) de radiofréquences dans 10 endroits à Taipei, en mai 2021.

Le corps humain absorbe une partie du rayonnement électromagnétique. Je tiens donc toujours le détecteur de la même façon, et je bouge un peu, pour m’assurer que je mesure les niveaux réels, et non les niveaux partiellement filtrés par mon corps.

Les valeurs indiquées sont des radiations moyennes, en milliwatts par m2 (mw/m2). Cela correspond à l’intensité globale des radiations, englobant toutes les fréquences que l’outil peut détecter. Le détecteur donne également des valeurs pour les pics de rayonnement. Je n’ai pas indiqué ces valeurs de pics sur les graphiques pour rester simple et clair.

Bien que je ne montre pas de répliques de chaque mesure, je me suis assuré que celles que je montre sont représentatives de chaque lieu. Je pense que c’est suffisamment précis pour une enquête exploratoire comme celle-ci !

Les seuils d’exposition acceptables aux champs électromagnétiques sont, disons, controversés

Les seuils officiels d’exposition acceptable sont très variables entre les pays.

Celui que j’ai utilisé ici provient de la notice du détecteur de champs électromagnétiques, qui dit : “selon nos recherches, il n’y a pas eu de problèmes associés à des niveaux restant inférieurs à une moyenne de 0,2 mW/m2 et à des pics de 1 mW/m2”. Comparé aux valeurs officielles, 0,2 mW/m2 est relativement bas. Mais certains auteurs conseillent des seuils encore plus bas, comme les biologistes du bâtiment (PDF en anglais), en s’appuyant sur des publications scientifiques.

De plus, même si nous n’en sommes généralement pas conscients, des milliers d’études scientifiques ont été publiées, au cours des dernières décennies, sur l’impact des radiofréquences sur la santé humaine et la biosphère. Sur la base de cet énorme ensemble d’articles scientifiques, un groupe de 257 scientifiques de 44 pays (chiffres de novembre 2022) a signé un Appel International, recommandant des seuils d’exposition beaucoup plus faibles (vous pouvez choisir d’afficher l’Appel en français en bas de la page web).

Cet appel a été soumis pour la première fois aux Nations unies en 2015 ! Pourtant, la plupart des gens ne sont pas au courant de toutes ces recherches sur les ondes électromagnétiques, et, comme vous le savez, ces technologies douteuses, comme la 5G, se répandent de plus en plus vite…

En observant cette situation absurde, je ressens parfois de la stupéfaction et de la colère, parfois de la tristesse et de la dépression. Mais, en même temps, des articles très simples, comme celui que vous êtes en train de lire, peuvent déjà vous aider beaucoup à prendre soin de vous et des autres autour de vous ;)



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Génial ! Alors vous aimerez peut-être aussi voir comment j’ai mesuré et dessiné les champs électriques et magnétiques autour de mon ordinateur portable.

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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >