La solitude. Comment s'en libérer ?

Cette lettre est le 6e épisode de mon 🔭 Carnet de Laboratoire, une newsletter mensuelle où je partage mes explorations.

Un jour, j’ai lu une interview du Dalaï-Lama où il expliquait qu’il ne se sentait jamais seul. J’ai été surpris. Un être humain qui ne se sent jamais seul ? Pas même un tout petit peu de temps en temps ? Était-ce vraiment possible ?

Jusqu’à ce que, pour moi aussi, le sentiment de solitude ait progressivement disparu de ma vie, depuis environ 8 ans.

Ces jours-ci, j’ai remarqué que beaucoup de personnes autour de moi se sentent seules. Alors, pour ce carnet de laboratoire, je me suis enfermé dans la tiny house, tout seul, et j’ai plongé dans la solitude. En écrivant, j’ai douté : mon témoignage peut-il être vraiment intéressant et utile ? Après tout, je ne suis qu’un simple être humain, pas le Dalaï-Lama !

Puis, j’ai réalisé qu’il serait intéressant, justement parce que je ne suis pas un Dalaï-Lama. Pour se souvenir que, oui, il est possible de se libérer du sentiment de solitude, même quand on est un être humain ordinaire !

Ressentir de la solitude, c’est normal

Je me souviens de me sentir seul à la cantine du collège. Une solitude teintée d’une forme de honte de me retrouver en marge de la mini-société des élèves. “Vont-ils se moquer de moi ?”

Croquis représentant des personnes assises en groupe dans une cantine, et une personne mangeant seule.

Je me souviens aussi de me sentir seul en observant tant de couples heureux autour de moi, année après année. Une solitude teintée d’une certaine frustration, voire d’une colère contre moi-même. “Mais c’est quoi mon problème ?”

Croquis représentant une personne se sentant seule et frustrée, entourée de nombreux couples.

Et puis, il y a eu la solitude après une séparation. Le cœur brisé. Un sentiment qui, étonnamment, peut s’ancrer pendant des mois, voire des années ! Teinté d’un cocktail complexe de tristesse, de ressentiment, de peur. “Est-ce que je vais finir ma vie tout seul ?”

Croquis représentant la rupture d'une relation, des ciseaux coupant le lien.

Et il y a eu le décès d’un proche. Une autre relation brisée à jamais, de manière injuste et irréparable. Un sentiment de solitude si profond… Le néant.

Croquis représentant la mort d'un être cher et le sentiment de solitude.

Dans la vie, il y a tant d’occasions de se sentir seul, de se sentir isolée ! La plupart du temps, la solitude apparaît lorsque je n’éprouve pas le sentiment d’être intégré à un groupe, lorsque je ne me sens pas compris, lorsqu’une relation clé se brise.

Finalement, même si la solitude est assez inconfortable à vivre, c’est un sentiment normal. Une aversion à la séparation. Un outil efficace qui maintient la cohésion de sociétés entières, et qui augmente probablement les chances de survie de l’espèce.

Mais, comme vous l’avez peut-être remarqué dans votre vie, il existe aussi une autre version très particulière de la solitude…

La solitude est-elle toujours logique ?

On peut se sentir heureuse dans une relation amoureuse, heureux d’être entouré de ses enfants, heureuse de réussir et d’être reconnue dans un domaine ou un art donné, et pourtant se réveiller un matin avec, au fond de soi, un sentiment surprenant de solitude. Parfois, la solitude semble surgir de nulle part. Quelle sensation effrayante !

Croquis représentant la solitude comme une brume sombre.

Mais ce sentiment de solitude, celui qui apparaît même en présence de personnes chères, est merveilleux.

Il est merveilleux parce qu’un bug se produit dans l’esprit : comment puis-je me sentir seul en ce moment même, alors que je suis entouré d’êtres chers ? Cela a-t-il un sens ?

Il est merveilleux, parce que perdre confiance dans un sentiment aussi absurde peut me permettre de ne plus être submergé et manipulé par lui, mais de commencer à l’observer comme un objet extérieur un peu douteux, et à voir les choses avec plus de clarté.

Je pourrais peut-être me rendre compte que cette solitude est teintée d’un sentiment d’anxiété. Serait-ce l’expression de la peur de perdre ces êtres chers dans le futur ? Ou bien, cette solitude serait-elle une expression sophistiquée de la peur profonde de la mort, de la peur de la fin du “je” ?

En observant un sentiment comme une simple information, un simple phénomène physiologique, on commence automatiquement à voir les choses différemment.

Croquis représentant une personne observant objectivement le sentiment de solitude.

En remarquant cette peur collée à la solitude, peut-être pourrais-je commencer à réaliser que la solitude, au fond, n’a pas vraiment de rapport avec le fait d’être seul·e, mais plutôt avec le fait d’avoir peur d’être seul·e ?

Juste un peu plus de distance, juste quelques secondes de clarté au milieu de la tempête. Juste assez pour qu’une prise de conscience se manifeste et change à jamais la façon dont je perçois les choses.

Ressentir de la solitude, ce n’est pas nécessaire

Dans mon cas, la solitude a progressivement disparu de ma vie.

Entre autres choses, j’ai consulté une psychologue et j’ai appris la méditation Vipassana. Les deux m’ont invité à passer d’une réaction aux émotions à une observation des émotions. Ensuite, alors que la solitude réapparaissait à travers une séparation, et à travers la mort d’un proche, cette habitude d’observer m’a permis de percevoir la solitude différemment.

Avant, voilà comment je me voyais par rapport aux autres.

Croquis représentant un paysage simple de personnes et de plantes, séparées les unes des autres, créant un sentiment de solitude.

Une entité autonome, un corps humain, séparé du reste du monde.

Après cette période à observer systématiquement la solitude, voici ce que je vois.

Croquis représentant une vue simple d'un paysage de personnes et de plantes, reliées les unes aux autres par une ligne, créant un sentiment de continuité, de connexion entre tout.

À un niveau plus subtil, au plus profond de moi, il y a une continuité entre ce que je suis et ce que les autres sont. Une essence commune, qui prend différentes formes.

Alors, comment pourrais-je encore me sentir seul ?

Et tout ça, ce ne sont pas seulement les délires du Dalaï-Lama et de Lénaïc. D’innombrables chercheuses et chercheurs, aux frontières de la science, ont exploré des faits inexpliqués, redémontrant encore et toujours ce lien profond.

La solitude est ainsi un phénomène physiologique naturel qui joue son rôle dans la survie des espèces. Pourtant, être seule, réellement séparée des autres, au plus profond, cela ne s’avère pas être techniquement possible dans ce monde. La structure du monde ne permet à personne d’être seule. Ce n’est qu’une illusion.

Ainsi, ressentir de la solitude, ce n’est pas nécessaire. Aussi choquant que cela puisse paraître lorsqu’on souffre profondément, se sentir seul ou isolée est une question de choix. Est-ce que je choisis de focaliser sur le monde extérieur, où j’aurai toujours l’impression d’être séparé de tout le reste ? Ou bien, est-ce que je choisis de me focaliser sur l’intérieur, où, par construction, à tout moment, il s’avère que je suis tout le reste ?

Bande dessinée représentant la solitude en fonction du point de vue que nous choisissons dans la vie.

Ce n’est pas juste un concept, de la théorie, de la philo. Une fois que j’ai vraiment pris conscience de cette réalité sous-jacente, la solitude ne peut plus m’affecter comme elle le faisait auparavant.

Alors maintenant, comment allez-vous vous libérer de la solitude ?

La prochaine fois que vous ressentirez de la solitude

Le moyen le plus direct de résoudre le problème de la solitude est de se distraire.

Aller courir, regarder un film, jouer à des jeux vidéo, se perdre dans les réseaux sociaux, manger, lire, rencontrer des amis, chercher un nouveau conjoint, etc. Ces choses ne sont pas mauvaises, toutes résolvent la solitude. Mais ce n’est que temporaire. Tôt ou tard, la solitude revient.

Un pas de plus consiste à choisir une distraction qui me rappelle qu’il est vraiment possible de se libérer de la solitude.

Lire sur le Dalaï-Lama qui ne se sent jamais seul, lire comment certaines personnes — comme les Shuars d’Amazonie — vivent leurs relations avec les animaux ou les plantes comme des relations personnelles, les expériences de mort imminente (par exemple la mini-synthèse scientifique que je m’étais amusé à écrire), les nouvelles recherches scientifiques sur la science de la transe, l’hypnose régressive, l’intrication quantique, les textes sacrés antiques, etc. Toute distraction optimiste qui montre que tout est lié.

Malheureusement, cette étape précédente ne libère pas de la solitude. Chaque livre, chaque documentaire n’est qu’une distraction, une histoire. Quelque chose de théorique que je ne vis pas moi-même.

Mais c’est une étape cruciale, parce qu’elle inspire. Elle plante une graine. Je commence à me poser des questions, de plus en plus sérieusement, de plus en plus fréquemment : “Vraiment ? Est-ce que vivre sans solitude est vraiment possible ?” Je commence à voir la vie différemment, sentiment après sentiment.

Jusqu’au jour où, alors que la solitude revient, il me semble percevoir au même moment un lien subtil entre moi et tout le reste. À l’extérieur, je me sens seul, à l’intérieur, je me sens entouré et aimé. Au même moment. Juste quelques secondes, au milieu de la tempête.

Cela peut être clair ou flou, soudain ou progressif, court ou long. Je peux le voir, l’entendre, le sentir. Je peux l’appeler “intrication quantique”, “essence commune”, “amour”, “conscience”, “absolu”, “ultime”, etc., ou ne pas l’appeler du tout. Pour chaque personne, c’est différent.

Mais une fois que cela est bien établi, la solitude n’est déjà plus qu’un vague souvenir. Je suis passé de “Oh, je me sens seul” à “Oh, plus précisément, je sens la solitude me traverser”. Je ne prends plus au sérieux ce sentiment douteux, cette information qui me rappelle simplement ma condition humaine.

Et si ce sentiment venait à se manifester, j’en serais tellement moins affecté. Je suis libéré de la solitude !

Bande dessinée représentant la solitude en fonction du point de vue que nous choisissons dans la vie.

À la prochaine ;)

Lénaïc


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Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >