Que se passe-t-il lorsque l'on meurt ? Une mini-synthèse scientifique sur les expériences de mort imminente (EMI)

Que sait-on de la mort ? Que se passe-t-il lorsque l’on meurt ? Allons jeter un oeil à ce que dit la science à ce sujet…

Dans cette synthèse, extraite de mon livre À la reconquete du bonheur perdu, je me base sur trois articles scientifiques pour tenter de mieux comprendre ce qui se passe lorsque l’on meurt.

Il ne s’agit pas d’une analyse exhaustive de la littérature scientifique, mais plutôt d’un aperçu des travaux déjà existants, dont l’un publié dans une revue scientifique renommée.

Ces trois articles étudient l’expérience de mort imminente, au cours de laquelle les victimes perçoivent des choses intriguantes. Ces perceptions sont-elles des hallucinations provoquées par les anesthésiants ? Sont-elles dues à l’asphyxie neuronale ?

Certaines difficultés semblent empêcher d’avancer une conclusion très robuste. Les scientifiques tentent alors une autre approche : tester la véracité des témoignages, puis, toujours à la recherche de plus de robustesse, ils choisissent de focaliser sur des témoignages de personnes aveugles.

Ces résultats scientifiques invitent-ils à un changement de paradigme sur la nature de la mort, et sur la nature de la conscience ?

L’expérience de mort imminente : des perceptions intriguantes

Il existe un domaine de recherche qui apporte des éclairages étonnants, depuis déjà plusieurs décennies. C’est l’étude de ce que l’on appelle l’expérience de mort imminente, ou NDE, de l’anglais Near-Death Experiences. Ce genre d’événement peut par exemple résulter d’un accident de voiture.

Suite au choc et aux blessures, la respiration s’arrête, le cœur cesse de battre. La victime est considérée comme décédée. Mais il arrive que le travail de réanimation mis en œuvre par les médecins provoque son réveil après quelques minutes. Quelques jours ou quelques mois plus tard, certaines personnes réanimées se souviennent avoir vécu des événements inattendus au moment même où elles étaient considérées comme mortes. Souvent, ces expériences sont suivies de transformations profondes, dans la manière de voir la vie, notamment avec la disparition de la peur de la mort.

Ce que ces personnes racontent est pour le moins intrigant. Il y a ce fameux tunnel sombre, souvent décrit, au fond duquel une belle lumière les attire. Mais bien d’autres éléments mystérieux sont en fait rapportés.

Souvent, au moment du choc ou de la perte de conscience, il y a la sensation de sortir de son corps, de se retrouver à côté de celui-ci, parfois même au plafond. La personne explique qu’à ce moment elle voit son propre corps, le lieu de l’accident, le personnel médical s’affairant tout autour d’elle. Parfois, elle essaie de rentrer en contact avec les médecins. Elle tente de leur dire de ne pas s’inquiéter, qu’elle ne souffre pas, mais sans succès.

Après le tunnel, certains racontent s’être retrouvés dans des paysages d’une grande beauté, lumineux et colorés. Ils se sentaient parfaitement sereins, baignant comme dans une atmosphère d’amour.

Hallucinations provoquées par les anesthésiants ?

Mais que signifie tout cela ? Que se passe-t-il réellement lors de ces expériences de mort imminente ? Appuyons-nous notamment sur une étude de van Lommel et ses acolytes, publiée en (2001), dans The Lancet, l’une des revues médicales les plus reconnues par la communauté scientifique.

La première hypothèse qui nous vient à l’esprit est celle de l’hallucination. Afin d’éviter la souffrance, le personnel médical injecte des produits anesthésiants. Ou bien, au contraire, il injecte des produits stimulants ou il dispense des chocs électriques pour la réanimation. Ces chocs et ces produits pourraient-ils provoquer des hallucinations ?

Des perceptions semblables peuvent en effet être induites artificiellement, même sans passer par l’imminence de la mort. La consommation de drogues peut par exemple engendrer des impressions de sortie de corps, des perceptions de lumière, des visions de flashs du passé (Pirn Van Lommel et al. 2001).

Cependant, les personnes qui reçoivent des traitements, au moment d’une mort clinique suivie d’une réanimation, ne vivent pas systématiquement ce genre d’expériences. Dans l’étude de van Lommel réalisée sur 344 personnes ayant été réanimées après un arrêt du cerveau, seulement 18% ont rapporté avoir eu des perceptions au moment de la mort clinique. Et dans cette même étude, il n’a pas été possible de mettre en évidence des corrélations entre les produits utilisés par les médecins lors de la prise en charge des patients, et le fait qu’ils aient ou non vécu des expériences conscientes.

Autrement dit, s’il est possible de provoquer des hallucinations avec des produits, cette étude semble indiquer que dans le cas des expériences de mort imminente, les perceptions ne sont pas induites par les produits utilisés et seraient d’une autre nature. Si ces perceptions ne sont pas induites par les traitements des médecins, elles devraient donc être provoquées directement par les neurones au moment de la mort imminente, n’est-ce pas ?

Hallucinations provoquées par l’asphyxie neuronale ?

Pourtant, lorsque le cœur et la respiration s’arrêtent, les neurones cessent leur activité. L’oxygène présent dans le sang se raréfie, et les neurones commencent à subir une asphyxie qui provoque leur mort. Plus aucune activité cérébrale n’est détectable au bout de 10 secondes, et si la réanimation n’a pas commencé après 5 à 10 minutes, les séquelles seront irréversibles et la personne décèdera.

Heureusement, si la réanimation intervient dans les 2 minutes qui suivent l’arrêt du cœur, de nombreux neurones ne sont pas encore morts et le cerveau pourra retrouver un fonctionnement normal, après quelques heures ou quelques jours, le temps de se remettre du choc (Pirn Van Lommel et al. 2001).

Mais s’il n’y a plus d’activité cérébrale au moment de l’expérience de mort imminente, les neurones ne peuvent donc pas être à l’origine de ces perceptions ? À moins que leur dysfonctionnement au moment de l’asphyxie ou au moment de leur réactivation puisse engendrer des hallucinations ?

Pour contourner le problème, c’est là qu’interviennent d’autres travaux scientifiques. Au lieu de s’intéresser à la cause potentielle de ces perceptions, essayons de tester la véracité de certains témoignages !

Autre approche : tester la véracité des témoignages

Van Lommel et al. racontent l’histoire d’un monsieur arrivant aux urgences dans un profond coma.

Pendant le processus de réanimation, une infirmière allait l’intuber lorsqu’elle constata qu’il avait un dentier. Elle ôta donc le dentier et le plaça sur une table roulante afin de réaliser l’intubation. Après une heure et demie, le patient avait retrouvé un rythme cardiaque et une pression sanguine suffisants. Toujours dans le coma, il fut transféré dans un autre service en attendant son réveil.

Plus d’une semaine plus tard, l’infirmière revit le patient pour la première fois, au moment de lui apporter ses médicaments. À cet instant, sorti de son coma, il reconnut l’infirmière et se réjouit en s’exclamant que c’était elle qui avait enlevé son dentier, qu’elle l’avait posé sur une table roulante, et qu’elle devait donc savoir où il se trouvait ! L’infirmière fut pour le moins surprise, se rappelant que ce monsieur était arrivé dans le service de réanimation dans un état comateux et qu’il en était ressorti toujours aussi inconscient. Comment avait-il pu reconnaitre cette infirmière et savoir qu’elle s’était occupée de son dentier ? Il expliqua alors qu’au moment où avait lieu la réanimation, il avait vécu une sortie de corps, et avait pu observer tout ce qui s’était déroulé autour de lui.

Si les perceptions de cet homme sont vérifiables, confirmées par d’autres personnes, cela suggère qu’elles ne sont pas de nature hallucinatoires, n’est-ce pas ? Saperlipopette ! Ce monsieur a bel et bien perçu la réalité, au moment même où il était mort !

Mais, aurait-il pu enregistrer des informations visuelles, même inconsciemment, dans un réflexe de survie, ne serait-ce qu’une fraction de seconde ? Peut-être au moment où ses neurones commençaient juste à dysfonctionner ? Voire, un peu plus tard, s’il s’avérait qu’une minuscule activité cérébrale indétectable avait pu subsister ?

C’est alors qu’interviennent les études scientifiques les plus convaincantes dans ce domaine, mais aussi les plus rares ! Elles concernent les expériences de mort imminentes vécues par des personnes aveugles.

Encore plus loin : témoignages de personnes aveugles

En 1991, une dame avait perdu connaissance et perdu la vue à la suite d’une opération qui avait mal tourné. Elle fut transférée en urgence sur un brancard d’un service à un autre, pour être réanimée.

Suite à son réveil, toujours aveugle, elle raconta avoir vécu une sortie de corps lors du transfert. Elle se montra capable de décrire précisément la scène, en ajoutant qu’elle avait vu deux proches qui l’attendaient dans le hall d’accueil. Les deux proches confirmèrent avoir été précisément à cet endroit au moment où elle était transférée, et leur description de la scène s’avéra identique à celle de la patiente. Les médecins, quant à eux, attestèrent qu’à ce moment précis, cette patiente était inconsciente et complètement aveugle ! (Ring and Cooper 1997)

Si cette dame était aveugle, d’où provenaient ses perceptions visuelles ? Si l’on en croit ce témoignage, cette dame, qui ne pouvait pas voir avec ses yeux, a pu voir la réalité justement au moment où sa conscience était sortie de son corps.

Changement de paradigme ?

Alors, après la mort du corps, la conscience continue d’exister ? Cette conscience peut se déplacer dans l’espace, percevoir des choses, éprouver des émotions, mener des raisonnements ? La conscience est pourtant considérée en général comme un phénomène qui émergerait de l’activité complexe des milliards de neurones du cerveau. Selon cette hypothèse, la conscience devrait disparaître d’elle-même, au moment où cesse l’activité du cerveau. Les faits vont donc à l’encontre de cette théorie ! La conscience serait-elle plutôt une propriété intrinsèque de l’Univers, présente partout, comme l’énergie ou la matière ?

Mais si la conscience continue d’exister après la mort, que se passe-t-il ensuite ? Les patients ayant vécu ces expériences expliquent que le monde qu’ils perçoivent après ce fameux tunnel leur paraît plus réel que notre monde ! Les choses sont plus nettes, les couleurs plus vives, la lumière plus intense. Ils racontent que des personnes décédées sont venues à leur rencontre, pour les accueillir.

Certains expliquent même avoir rencontré des êtres s’étant présentés comme leurs guides au cours de leur vie, tels des anges gardiens. Ils les décrivent comme des êtres remplis d’amour, de compassion. Souvent, ces guides leur montrent des épisodes de leur vie qu’ils revivent avec une grande précision, dans les moindres détails. Parfois, ils revoient leur vie toute entière, sous une forme panoramique et tridimensionnelle (Pim Van Lommel 2006). Et d’autres personnes vont même jusqu’à affirmer que leurs guides leur ont présenté, à cette même occasion, des épisodes encore plus anciens, correspondants à ce qu’ils affirmaient être des vies antérieures !

Absurde ? Impossible ? Pourtant, si différentes études montrent qu’il est possible de vérifier certaines perceptions que ces patients décrivent, ne paraît-il pas légitime de prendre au sérieux leurs témoignages ?

De plus, il se trouve que les témoignages sont tout à fait comparables et cohérents entre eux, alors même que les personnes interrogées sont de pays, de cultures, de religions différentes, et que certains d’entre eux n’avaient même jamais entendu parler du phénomène de mort imminente au moment où les scientifiques leur ont demandé pour la première fois de décrire leurs expériences ! (Pirn Van Lommel et al. 2001)

Résumons donc. Si je meurs, ma conscience subsiste. Je continue de percevoir des sensations, d’éprouver des émotions, de mener des raisonnements. Je peux rencontrer des gens et communiquer avec eux.

Mais alors, la mort en tant que fin n’existe pas ? C’est un simple changement d’état ? L’apparence change mais l’existence persiste ? Passionnant, vertigineux.

Au fait, je ne sais même plus, pourquoi avais-je peur de la mort ?

Article publié pour la pemière fois le 13 mars 2016.

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Page de présentation du livre
PDF
12 illustrations
170 pages (28000+ mots)
A5 (14.8 x 21 cm)

Ah, quel malheur ! Je suis si sensible, si vulnérable ! Mais que puis-je faire d’un corps si réactif ? Où est donc passé le mode d’emploi ? Être sensible, cela peut faire souffrir, n’est-ce pas ?

Pourtant, la sensibilité ne serait-elle pas, du même coup, un puissant outil d’évolution ? Un catalyseur de l’ouverture de conscience ? Une porte inattendue vers la vie spirituelle !

Alors, comment faire pour apprivoiser cette sensibilité ? Parviendrai-je un jour à reconquérir le bonheur perdu ? Et peut-être, même, à m’approcher de l’absolu ?

Références

Ring, Kenneth, and Sharon Cooper. 1997. “Near-Death and Out-of-Body Experiences in the Blind: A Study of Apparent Eyeless Vision.” Journal of Near-Death Studies 16 (2): 101–47.
Van Lommel, Pim. 2006. “Near-Death Experience, Consciousness, and the Brain: A New Concept about the Continuity of Our Consciousness Based on Recent Scientific Research on Near-Death Experience in Survivors of Cardiac Arrest.” World Futures 62 (1-2): 134–51.
Van Lommel, Pirn, Ruud Van Wees, Vincent Meyers, and Ingrid Elfferich. 2001. “Near-Death Experience in Survivors of Cardiac Arrest: A Prospective Study in the Netherlands.” The Lancet 358 (9298): 2039–45.
Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >

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