Fabriquer une grande étagère en bambou avec des outils simples

Nous avons conçu et construit ce grand meuble en bambou lorsque nous vivions dans une petite maison entourée de forêt, au sud-ouest de la ville de Taipei. Cette étagère nous servait d’espace de rangement principal pour les sous-vêtements, les vêtements, le linge et de nombreux autres petits objets. Malgré sa taille, elle est plutôt légère et peut être transportée par une personne avec quelques petits muscles seulement.

À l’exception des ficelles pour les plateaux, ce meuble peut être entièrement réalisé en bambou, y compris pour les joints faits à l’aide de chevilles en bambou. Il faut un certain temps pour concevoir et fabriquer une grosse étagère comme celle-ci, mais une fois qu’elle est créée, elle peut vraiment servir sur du long terme !

Aussi surprenant que cela puisse paraître, elle ne nécessite pas d’autres techniques de construction que celles nécessaires au dessous-de-plat : scier, fendre, percer, assembler ! Ici, la difficulté vient de la complexité de la structure, de la taille des morceaux de bambou à manipuler, et du temps de construction.

Comme pour nos autres objets en bambou, vous pouvez la fabriquer entièrement avec des outils manuels. Mais, à moins que vous ne vouliez vraiment prendre votre temps, le nombre élevé de trous à percer pour assembler les pièces peut vous convaincre d’utiliser une perceuse électrique — ce que j’ai fait !

  • Niveau : difficile (en termes de complexité et de patience, mais pas en termes de compétences)
  • Temps de construction : 2-3 jours (plus environ 2 jours si vous concevez votre propre projet)
  • Taille : base : 30 × 50 cm (12 × 20 in), plateau supérieur à 200 cm de hauteur (78 in) : 50 × 50 cm (20 × 20 in), hauteur totale, y compris les perches les plus hautes : 250 cm (98 in)

Cet article fait partie de mon projet sur l’artisanat en bambou. Si vous cherchez quelque-chose d’un peu plus facile, vous pouvez consulter le tutoriel sur le dessous-de-plat, le séchoir à sous-vêtements, ou le haut-parleur pour smartphone.

Matériel et outils nécessaires

Matériaux de construction

  • plusieurs longues perches de bambou de 2 à 4 cm de diamètre (0.8-1.6 in) pour la structure
  • une tige de bambou plus large d’environ 6-7 cm de diamètre (2.4-2.8 in) et 150 cm (60 in) de long pour les chevilles et les plateaux
  • une ficelle pour les plateaux

Vous pouvez utiliser du bambou frais ou sec. Dans ce cas, j’ai utilisé du bambou frais. Si vous utilisez également du bambou frais, vous devrez peut-être faire face à de petits défis plus tard, en fonction de votre climat (voir la dernière section Durabilité : après 2 ans).

Outils

  • scie
  • machette ou couteau
  • mètre à ruban et crayon
  • perceuse manuelle ou électrique
  • support en bois pour immobiliser le bambou lorsque vous travaillez dessus
  • gants de sécurité

Portez des gants pour votre sécurité !

C’est toujours une bonne idée de porter des gants si vous êtes débutant⸱e, au moins un gant pour la main la plus vulnérable qui tient le bambou lorsque vous utilisez un outil.

Décider de la taille de l’étagère

Nous avons adapté la taille de notre étagère à la hauteur de notre plafond, à la surface disponible et à nos besoins.

La hauteur totale est de 250 cm (98 in), pour une base de 30 × 50 cm (12 × 20 in).

Vous pouvez, bien sûr, adapter la taille en fonction de vos besoins et de vos contraintes. Dans ce cas, notez que vous devrez peut-être ajuster également différentes caractéristiques de la structure, telles que les contreventements, pour assurer la solidité et la stabilité de votre étagère.

Scier les 22 pièces pour la structure

Pour l’ensemble du meuble, vous devrez préparer 22 barres de bambou pour la structure principale :

  • 4 barres obliques Ce sont les piliers les plus longs de l’étagère, et ils contribuent à maintenir le plateau supérieur, agissent comme contreventement, et ils créent un style de buisson touffu ! Peu importe qu’ils soient courbés, cela peut même renforcer l’aspect touffu.
  • 2 longues perches de contreventement Cela ne pose pas de problème si elles ne sont pas rectilignes.
  • 4 piliers Pour ceux-ci, il est préférable qu’ils soient droits et un peu plus larges, car ce sont eux qui supporteront le poids de la structure, et les plateaux seront plus faciles à mettre à l’horizontale si les piliers sont droits.
  • 2 petites barres de contreventement Elles renforceront la structure au niveau des plateaux du bas et du haut.
  • 16 barres d’environ 2 cm de diamètre (0.8 in) pour la structure horizontale et pour le support des plateaux.
  • 2 barres de 40 cm (16 in) et 2 barres de 30 cm (12 in) pour la structure horizontale.

C’est toujours une bonne idée de scier des bambous supplémentaires au cas où vous vous rendiez compte que certains ont des points faibles ou si l’un d’entre eux se fendait lors du perçage ou de l’insertion d’une cheville. Découvrez comment les experts scient le bambou.

Il n’est pas nécessaire d’enlever les bases des branches pour les bambous verticaux, car elles peuvent être utilisées pour suspendre des objets sur l’étagère. Dans mon cas j’ai laissé beaucoup de bases de branches et elles ont été très utiles, tout en rehaussant le style un peu hirsute que nous recherchions.

C’est une élégante leçon d’artisanat donnée par le bambou : au lieu d’enlever les bases des branches et d’ajouter plus tard quelques crochets métalliques, pourquoi ne pas utiliser ce qui est déjà là naturellement et gagner du temps ?

Comme vous pouvez le voir, un aspect intéressant de la construction avec le bambou est l’observation de la diversité naturelle des formes pour trouver la meilleure perche de bambou pour nos besoins. Parfois, les bambous rectilignes sont idéaux, mais les bambous courbés peuvent être meilleurs pour d’autres usages. Parfois, on doit enlever complètement les branches, mais garder les bases peut s’avérer très utile dans certains cas. De plus, il est souvent possible de couper de courtes portions rectilignes à partir d’une longue perche irrégulière.

Fendre 64 lattes pour les plateaux

L’étagère contient six plateaux.

Les plateaux du bas et du haut ont été conçus pour porter des objets volumineux, tels qu’une boîte de clarinette sur le plateau du bas et du linge et des serviettes sur celui du haut.

Pour ces plateaux, il nous fallait donc de simples plateformes faites de quelques barres de bambou séparées par de larges espaces pour laisser l’air circuler, exactement comme sur ce croquis.

Les 4 plateaux intermédiaires ont été conçus pour ranger des petits vêtements, tels que les sous-vêtements, chaussettes, etc. Pour ces plateaux, nous avions besoin de plateformes qui laissent passer l’air tout en portant efficacement les petits objets. J’ai donc choisi de fabriquer des plateaux à partir de lattes d’environ 1 cm de large (0,4 in) attachées ensemble par des ficelles et séparées par des espaces étroits d’environ 1,5 cm (0,6 in).

Avec environ 16 lattes par plateau, cela fait 64 lattes !

Pour obtenir ces lattes, vous devrez fendre 3 cylindres de bambou de 30 cm de long (12 in) et de 6-7 cm de diamètre (2.4-2.8 in).

Découvrez comment les experts fendent le bambou en lattes.

Pour obtenir des plateaux plats et relativement réguliers, une dernière étape est nécessaire pour corriger les bords des lattes afin qu’ils soient plus proches d’angles à 90°. Le plus simple est de fendre et/ou de racler les bords à l’aide d’une machette ou d’un couteau.

Vous n’avez pas vraiment besoin d’obtenir des lattes très plates et identiques comme celle de la photo. Cela prendrait beaucoup de temps pour 64 longues lattes. Vous pouvez simplement aller aussi loin que vous le souhaitez dans la correction et le ponçage pour obtenir la finition que vous voulez.

Fendre 60-70 bâtonnets pour faire les chevilles

À l’exception des lattes des plateaux, qui sont reliées par des ficelles, tous les autres joints de l’étagère sont réalisés à l’aide de chevilles en bambou. Vous devrez préparer environ 60 à 70 chevilles. Si vous vous sentez dépassé⸱e ou lassé⸱e, vous pouvez, bien sûr, fabriquer les chevilles en cours de route au moment où vous en avez besoin lors des étapes suivantes !

Des chevilles de 5 à 7 cm de long (2-2.8 in) devraient suffire. Cela signifie que vous devrez d’abord préparer des cylindres de bambou de cette longueur, dans lesquels vous fendrez des bâtonnets.

Les chevilles peuvent être fendues dans un cylindre en bambou sans nœud ou dans un cylindre qui comporte un nœud sur un côté. Les deux fonctionnent, mais celles provenant d’un cylindre avec un nœud ont une extrémité plus épaisse, comme la tête d’un clou, ce qui peut augmenter la résistance du joint.

Percer et assembler les éléments

Une fois que vous avez toutes les pièces élémentaires de ce grand puzzle, la façon la plus simple de travailler est probablement de construire d’abord des unités individuelles, puis de les joindre.

Par exemple, j’ai commencé par construire la partie et la partie indépendamment.

Ensuite, j’ai joint les deux parties en utilisant les bambous horizontaux.

Enfin, j’ai ajouté les barres de contreventement pour renforcer la structure.

En général, je ne perce pas tous les trous à l’avance. Je perce plutôt deux pièces, j’ajuste une cheville avec une machette et je joins les deux pièces avec la cheville. Itérativement, un joint après l’autre. Cette façon dynamique de construire permet quelques ajustements en cours de route, car tous les morceaux de bambou seront différents et jamais parfaitement droits ou cylindriques. Dans le même ordre d’idées, l’ajout des barres de contreventement à la fin permet de rectifier les problèmes potentiels dus au bambou lui-même ou aux imperfections du travail d’assemblage.

Voir comment les experts percent le bambou.

Il est tout à faire normal que l’ensemble de la structure reste plus ou moins flexible. C’est la nature du bambou ! Cependant, si l’étagère est vraiment instable après avoir assemblé toutes les pièces, vous devrez peut-être remplacer quelques chevilles trop faibles, ajuster la longueur d’un pilier ou régler le système de contreventement. En particulier, si vous modifiez la taille ou même la forme de cette étagère, il est fort probable que vous deviez adapter la position ou le nombre de barres de contreventement.

Enfin, vous pouvez soit couper les surplus des chevilles, comme je l’ai fait pour le dessous-de-plat, soit les conserver. Dans ce cas, je les ai gardées, pour laisser la possibilité d’enlever les chevilles plus facilement au cas où nous voudrions ajuster quelque chose plus tard, et pour créer encore plus de façons d’accrocher et de fixer des objets à notre étagère buissonnante ! Cela donne aussi un style plus rustique au meuble, comme nous le voulions.

Attacher les plateaux à l’aide de la ficelle

La dernière étape consiste à installer les lattes pour créer les 4 plateformes intermédiaires.

Vous pouvez attacher les lattes en entourant simplement une ficelle autour des lattes et de la barre de bambou horizontale. Afin d’avoir suffisamment de ficelle, vous pouvez préparer 8 ficelles environ 4 fois plus longues que le plateau lui-même, soit environ 120 cm (47 in). Mais essayez-en une d’abord, car cette longueur peut dépendre de plusieurs facteurs, dont le diamètre de votre barre de bambou horizontale !

Et voilà, vous l’avez fait !

Durabilité : après 2 ans

Par rapport à la couleur claire et brillante des photos, notre étagère est peu à peu devenue sombre et mate avec le temps. C’est une évolution normale du bambou, mais la couleur peut aussi évoluer différemment lorsque le bambou subit un traitement. Par exemple, j’ai remarqué dans d’autres expériences qu’une perche de bambou traitée par la chaleur conservait une couleur plus vive même après deux ans.

J’ai construit l’étagère en utilisant des bambous frais non traités que j’ai récoltés moi-même. Après quelques semaines, de la moisissure s’est développée sur les coupes. Cela était probablement dû à un haut niveau d’humidité de l’air là lieu où nous vivions, environ 70-90 % la plupart du temps. Néanmoins, après avoir gratté ces moisissures avec du vinaigre, de l’eau et des serviettes sèches, l’étagère a fini par sécher au bout de quelques mois. Il n’y a maintenant plus de champignons, et aucune fissure n’est apparue non plus.


Vous souhaitez suivre mes explorations ?

Pour partager mes expériences, j’écris une newsletter mensuelle, qui s’appelle mon 🔭 Carnet de laboratoire. J’envoie cette lettre à mes honorables lectrices et lecteurs au début de chaque mois pour les tenir au courant de mes travaux en cours, de mes observations, de mes expériences — espérons-le, élégantes. Je vous invite à vous abonner ci-dessous, c’est la meilleur façon de suivre mes explorations :)

Lettre gratuite, mensuelle, 200+ abonnées et abonnés, désabonnement en 2 clics. Bien sûr, je ne partage pas votre adresse email.

Vous hésitez ? Alors, pourquoi ne pas jeter un œil à mes précédentes newsletters, ou lire les témoignages de mes lectrices et lecteurs !

Avertissement

Je fais de mon mieux pour partager des recherches claires, utiles et de qualité. Cependant, je décline toute responsabilité concernant la façon dont le contenu que je partage peut être interprété ou utilisé, et concernant les conséquences de son utilisation.

Lénaïc Pardon
Lénaïc Pardon

Je suis une sorte de chercheur-explorateur. Je suis français, introverti et hypersensible. Je donne beaucoup de valeur à la liberté, la créativité et l’altruisme. Je suis curieux sur à peu près tout, mais j’ai une préférence pour les sujets autour de la sobriété volontaire : permaculture, nature, artisanat, autonomie, philosophie, les mystères de la vie… Plus de détails sur mon travail et ma trajectoire >

Sur le même sujet